Chapelle des Moines à Berzé-la-Ville, Château de Cormatin, Eglise Saint-Martin de Chapaize.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Berzé-la-Ville est un petit village situé entre les monts du Mâconnais à peu de distance de Cluny. Il est dominé par le Château des Moines, un ancien prieuré clunisien.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Le site du Château des Moines occupe des terres appartenant à l’abbaye de Cluny dès le 10e siècle. Un prieuré-doyenné des moniales clunisiennes y fut fondé au 11e siècle, dépendant au début du monastère de Marcigny en Brionnais. En 1088 le prieuré de Berzé passe directement sous l'obédience de Cluny par échange avec Iguerande. Le site devient le lieu de séjour de choix du grand abbé Hugues de Semur (1049-1109). La construction de la chapelle privée de l’abbé fut commencée à la fin du 11e siècle. La chapelle fut incendiée par le foudre en 1109. Hugues, qui mourut en 1109, organise sa restauration par testament. Le monastère fut alors complété par le prieur Seguin sous l’abbatiat de Ponce de Melgueil (1109-1122). Avec le déclin de l’abbaye de Cluny, Berzé entre dans l’oubli. Les bâtiments sont reconstruits au XVIIe siècle. Le Château des Moines est sécularisé à la Révolution et vendu en 1791. Il devient exploitation agricole privée et la chapelle fut transformée en grange à fourrage. Les murs sont enduits de plâtre, un plancher est installé à mi-hauteur. C’est en 1887 que les peintures sont fortuitement découvertes par Philibert Jolivet, curé de la paroisse. Comprenant l’intérêt de sa découverte, il fait appel à l’abbé Braqui, formé à la recherche archéologique. Ils mettent au jour l’ensemble des peintures du cul de four et alertent l’État.
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Chapelle des Moines. Berzé.
La chapelle est classée monument historique en 1893. L’archéologue britannique Dame Joan Evans récolte les fonds pour la sauver et permettre à l’Académie de Mâcon d’en faire l’acquisition en 1947. La Chapelle des Moines, derrière la porte d’entrée du Château des Moines, est un bâtiment simple se composant de deux étages. A l’extérieur de la chapelle on remarque l’architecture soignée du bâtiment. Le décor est modeste. Les murs de la nef sont allégés de bandes lombardes reliant les contreforts. Cette nef est prolongée par une travée de chœur, plus basse, et un chevet constitué d'une abside semi-circulaire rythmée par de forts pilastres. La corniche de l’abside présente des modillons romans sculptés de motifs simples. Les toitures sont en lauzes.
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Chapelle des Moines. Berzé.
La chapelle basse. La chapelle de l'abbé se compose de deux étages romans. L’étage inférieur est voûté en berceau et date encore du 11e siècle, bien que l’étage supérieur soit de la reconstruction du début du siècle suivant. Le sol semble ne jamais avoir été dallé. Deux petites baies percées dans l’abside permettaient l’apport d’une faible lumière. Le cul-de-four de l’abside porte encore de nombreuses traces de polychromie datées du tout début du XIVe siècle : une frise et des décors de joints ocre rouge dessinent un faux appareil régulier. Les fonctions de cette chapelle restent encore imprécises.
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Chapelle des Moines. Berzé.
On entre dans la chapelle haute par la façade occidentale et on fait face au décor de l’abside. Le Christ domine l’intégralité de l’espace par sa position et ses dimensions. Le sujet traité dans le cul-de-four trouve ses origines dans l’art paléochrétien. Il s’agit de la Traditio legis : le Christ montre sa loi et la remet à saint Pierre.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Le décor se lit sur trois registres : le cul-de-four, le niveau des baies et les fausses arcatures en partie basse. Le peintre a réussi à répartir plus de quarante personnages dans cet espace restreint.
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Chapelle des Moines. Berzé.
La travée de chœur s’ouvre sous un arc triomphal à double rouleau retombant sur deux colonnes engagées avec des chapiteaux à feuilles et volutes. La nef et le revers de la façade de la chapelle portent encore des vestiges de peintures murales. Ces décors datent du tout début du XIVe siècle, comme ceux de la chapelle basse. Ils correspondent probablement à un rafraîchissement de la chapelle lors de la venue du pape Boniface VIII et de neuf cardinaux venus rencontrer le roi Philippe le Bel, ils passèrent cinq jours à Cluny et dans les prieurés environnants dans les premières années de ce siècle.
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Chapelle des Moines. Berzé.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Les fresques sont le plus grand ensemble de fresques romanes en Bourgogne et le meilleur exemple de l’art pictural de l’atelier de Cluny III. Elles sont généralement datées de 1105-1115, c’est à dire, à la fin ou juste après l’abbatiat de Hugues. L’iconographie est un témoin très important de la grande époque clunisienne, représentant une quarantaine de personnages dans des scènes bibliques et hagiographiques. On y retrouve des influences de l’art byzantin. Elles attestent l’usage d’une technique mixte, combinant la peinture à fresque en majeure partie et des finitions peintes à sec. La palette riche comporte les ocres jaune et rouge, le minium, le vermillon, la terre verte, le bleu de lapis-lazuli, le blanc et le noir de carbone. Les fresques, bien conservées, dont certaines parties ont été recouvertes par une deuxième couche vers la fin du Moyen Âge, ont été restaurées aux 19e et 20e siècles.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Dans le soubassement de l’abside, neuf bustes de saints et de martyrs occupent l’espace sous les baies. Ces saints orientaux et occidentaux peu connus mais dont des reliques étaient conservées dans le trésor de l’abbaye de Cluny et qui étaient inscrits à son calendrier liturgique. Les spécialistes s’interrogent sur la raison de la présence de ces saints orientaux et plusieurs hypothèses sont proposées. On pourrait y voir le goût de Hugues de Semur pour Byzance, la représentation du transfert apostolique de l’Orient vers l’Occident ou encore une illustration des troubles entre Orient et Occident, et plus précisément de la première croisade (1096-1099).
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Chapelle des Moines. Berzé.
Si les saints du soubassement illustrent en quelque sorte le pèlerinage de l’église militante, depuis le Moyen Orient jusqu’en Occident, la présence majoritaire de saints militaires sous-entend également les luttes contre l’Islam (croisades, reconquête espagnole). Saint Blaise et saint Vincent bénéficiaient d’un culte régional important, mais leur mise en valeur particulière dans notre abside fournit peut-être une autre clé de lecture. Saint Blaise a été martyrisé à Sébaste (ville de Cappadoce) et Vincent à Saragosse, deux lieux qui ont vu d’importantes batailles entre chrétiens et musulmans au xie siècle. En effet, Étienne de Blois conquit la Cappadoce en 1098 et Odon Ier de Bourgogne conduisit une expédition à Saragosse en 1087.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Au centre, Sébastien, Serge et Bacchus sont les saints de la Rome éternelle. A droite, Denis et Quentin (effacé) sont des saints de l’occident de la chrétienté.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Les deux arcatures aveugles de l’abside représentent des scènes de martyres particulièrement belles. A gauche, il y a le martyre de saint Blaise, avec son emprisonnement en haut et sa décapitation en bas. Sur les piédroits de l’arc triomphal de l’abside on trouve deux bustes d’abbés qu’on croit représenter Mayeul et Odilon de Cluny. Ou deux moines tenant une crosse d’abbé. Il s’agirait de Benoît de Nursie (VIe siècle), fondateur de la règle bénédictine et de Benoît d’Aniane (VIIIe - début du IXe siècle), réformateur du monachisme. Il est l’auteur de la règle que les moines de Cluny remettront à l’honneur en l’imposant à tous leurs monastères. Ils sont représentés comme les piliers de la vie monastique, véritables gardiens du sanctuaire de l’abbé Hugues.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Martyre de saint Blaise : dans la partie haute, une femme lui rend visite en prison et lui offre une tête de cochon pour se nourrir, et, dans la partie basse, sa décapitation. Saint Blaise rappelle aussi que l’implantation clunisienne en terre germanique a été renforcée durant le conflit des investitures. En effet, l’abbaye de Sankt Blasien en Forêt-Noire reçut un privilège d’immunité en 1065 et l’abbé Hugues s’y rendit en 1093-1094 pour conclure une confraternité. Entre 1070 et 1150 l’abbaye connut un développement majeur, lorsque d’importants événements eurent lieu autour de Mathilde de Canossa, qui prit une part importante dans la réforme de Grégoire VII (1073-1085). La médiation qu’elle eut à orchestrer en 1077 entre ce dernier et l’empereur Henri IV, en présence de l’abbé Hugues, n’apaisa que provisoirement le conflit.
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Chapelle des Moines. Berzé.
A droite, le martyre de saint Vincent de Saragosse, torturé sur une maie de pressoir. Le choix des deux saints sud-européens est considéré comme un hommage clunisien aux Arméniens et aux Espagnols. Sur les piédroits de l’arc triomphal de l’abside on trouve deux bustes d’abbés qu’on croit représenter Mayeul et Odilon de Cluny. Ou deux moines tenant une crosse d’abbé. Il s’agirait de Benoît de Nursie (VIe siècle), fondateur de la règle bénédictine et de Benoît d’Aniane (VIIIe - début du IXe siècle), réformateur du monachisme. Il est l’auteur de la règle que les moines de Cluny remettront à l’honneur en l’imposant à tous leurs monastères. Ils sont représentés comme les piliers de la vie monastique, véritables gardiens du sanctuaire de l’abbé Hugues.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Martyre de saint Vincent de Saragosse, torturé sur une maie de pressoir ou saint Vincent de Saragosse, couché sur son gril, en dessous du gouverneur Dacien et des deux bourreaux, qui sont d’une taille imposante, comme pour illustrer l’importance des ennemis à combattre.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Dans les écoinçons, au pied du Christ, on voit six bustes de Vierges sages ou saintes.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Dans les écoinçons, au pied du Christ, on voit six bustes de Vierges sages ou saintes.
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Dans les écoinçons, au pied du Christ, on voit six bustes de Vierges sages ou saintes.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Dans les écoinçons, au pied du Christ, on voit six bustes de Vierges sages ou saintes.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Les apôtres sont répartis en deux groupes de six, de part et d’autre du Christ. En plus petit, sont représentés, à la droite du Christ, les diacres Vincent et Laurent et, à sa gauche deux abbés de Cluny. Cette composition illustre la transmission de la Loi, à droite : le Christ la remet à saint Pierre qui la fera suivre à tous ses successeurs ainsi qu’aux abbés de Cluny. A gauche, le Christ remet le livre à saint Paul. Ce sont les deux saints protecteurs de l’abbaye de Cluny. Ce choix iconographique permet de positionner les abbés de Cluny dans la lignée directe des apôtres. Dans les écoinçons, au pied du Christ, on voit six bustes de Vierges sages ou saintes. Cinq portent une lampe, sauf Consortie, à droite, qui porte une croix. Des reliques de cette sainte étaient conservées à Cluny et une messe était célébrée le jour de sa fête. La représentation de ces saintes évoque la parabole des vierges sages et des vierges folles relatée dans l’évangile selon saint Matthieu.
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Chapelle des Moines. Berzé.
En haut de l’arc triomphal, l’ensemble absidal est complété par un agneau et par deux anges. En dessous, la main de Dieu.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Au centre du cul-de-four de l’abside trône le Christ en Majesté bénissant, représenté dans une mandorle. Au-dessus de son nimbe se trouve la main de Dieu dans un cercle.
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Chapelle des Moines. Berzé.
La donation de la loi à saint Pierre, dite traditio legis, ainsi que la clé de saint Pierre et des phylactères. En-dessous, deux abbés de Cluny.
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Chapelle des Moines. Berzé.
A droite du Christ, six apôtres, dont Saint-Paul, reconnaissable par sa calvitie, tenant un phylactère. Sous les apôtres, deux saints plus petits, les diacres Vincent et Laurent .
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Chapelle des Moines. Berzé.
La travée de chœur, plus basse, est voûtée en berceau également et éclairée par deux étages de baies.
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Chapelle des Moines. Berzé.
A droite, les deux étages de baies de la travée de chœur.
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Chapelle des Moines. Berzé.
L'arc triomphal retombe sur deux colonnes engagées avec des chapiteaux à feuilles et volutes.
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Chapelle des Moines. Berzé.
L'arc triomphal retombe sur deux colonnes engagées avec des chapiteaux à feuilles et volutes.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Voûte en berceau de la nef.
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Chapelle des Moines. Berzé.
Les murs de la courte nef sont décorés d’arcatures sur consoles entourant les baies.
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Le château de Cormatin.
"En tout temps du Blé" (devise de la famille). Déjà considérés comme "nobles hommes" en 1022, les du Blé deviennent seigneurs de Cormatin au début du XIIe siècle. A la fin du XVIe siècle, les guerres de religion permettent à Antoine du Blé d’accroître son influence et sa fortune. Il se rend maître du sud de la Bourgogne au nom de la Ligue catholique avant de "tourner casaque" et de ramener la rive droite de la Saône sous l’autorité d’Henri IV, face à la Franche-Comté espagnole. En récompense, il devient lieutenant général et gouverneur de Chalon s/Saône, alors place forte stratégique.
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Le château de Cormatin.
on fils Jacques est reçu à la Cour de France. Dès 1610, il est un des familiers de la reine-régente Marie de Médicis. En 1617, à 35 ans, il épouse Claude (13ans), fille de Raymond Phélypeaux, Trésorier de l’Epargne, Secrétaire d’Etat, un des hommes les plus influents du moment. En 1618, Jacques du Blé reçoit un des premiers titres de marquis créés par le jeune Louis XIII. Il est chargé en 1628 de délivrer le marquisat du Montferrat en Italie. Faute d’argent, de vivres et de munitions, ses troupes sont « défaites comme la neige qui serait touchée du feu » (Richelieu). Humilié, il cherche à retrouver son honneur par une action d’éclat. Pendant le siège de Privas, le jour de l'arrivée du roi, il lance une attaque téméraire pendant laquelle il est tué (14 mai 1629). Ses soldats vengent sa mort par un massacre lors de la prise de la ville.
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Le château de Cormatin.
Les générations suivantes résident peu en Bourgogne. Cependant Nicolas du Blé, maréchal de France, gouverneur de l’Alsace et membre du Conseil de régence à la mort de Louis XIV y est exilé en 1722, pour son opposition à l’alliance avec l’Angleterre. Son neveu et héritier, Henri-Camille de Béringhen, Premier Ecuyer du roi Louis XV, laisse ensuite tout le marquisat d’Huxelles à sa fille naturelle, Sophie Verne.
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Le château de Cormatin.
Le château d’Huxelles (2 km au nord de Cormatin) fut construit vers 1050 par Bernard Le Gros, seigneur de Brancion. Il cherchait à contrôler un des principaux passages vers l’abbaye de Cluny, avec laquelle il était en conflit. En 1560, Pétrarque du Blé, seigneur de Cormatin devient, grâce à l’héritage de sa femme, baron d’Uxelles. Après la construction du nouveau château de Cormatin (début XVIIème) Uxelles est délaissé et devient une exploitation agricole. Les bâtiments des XIIème et XIIIème siècles, visibles sur la gravure échappent à la Révolution mais seront détruits en 1835 par le nouveau propriétaire, désireux de construire un château moderne de style Louis XIII. En 1612, de grandes fêtes marquèrent à Paris le double mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche et de Philippe, infant d’Espagne et d’Elisabeth de France, fille d’Henri IV. Le « Carrousel des chevaliers de la Gloire » fut organisé place royale (actuelle place des Vosges). Jacques du Blé y participa parmi les plus brillants seigneurs de la Cour. « Après venaient M. le comte d’Ayen et le baron d’Uxelles, sous les noms de d’Amadis et de Galaor, vêtus de satin incarnat et de fleurs de lin, couverts de trophées d’armes en broderies d’or et d’argent. Ils avaient une coiffure (...), faite de satin blanc et couverte d’orfèvrerie d’or, d’argent et de plumes blanches, etc ».
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Le château de Cormatin.
La basse cour. En 1280, Henri du Blé construit une maison-forte pour contrôler le chemin menant à l’abbaye de Cluny, par le bord de la rivière de Grosne. Cette forteresse médiévale disparaît à partir de 1606, lorsqu’Antoine du Blé entreprend l’édification d’un château, qui doit témoigner de sa réussite à la sortie des guerres de religion. Il conserve l’assise médiévale pour utiliser les fondations mais aussi pour garder la trace de la maison des ancêtres et attester l’ancienneté de sa famille.
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Le château de Cormatin.
Trois ailes d’habitation disposées en fer à cheval sont cantonnées sur les angles extérieurs par quatre grands pavillons "en sortie et défense". Le quatrième côté est un rempart montant au niveau du premier étage avec entrée monumentale et pont-levis. Le quadrilatère d’origine a été modifié au cours des ages : le rempart est détruit dès la fin du XVIIe siècle, en signe d’allégeance à Louis XIV, l’aile ouest est abaissée après un incendie en 1812 et l’aile sud s’écroule en 1815, lors de sa transformation en fabrique.
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Le château de Cormatin.
Par chance, l’aile nord, , le logis seigneurial, subsiste intacte. Elle est construite en dernier (1620-26 env.) par Jacques du Blé. Cet intime de Marie de Médicis s'inspire du palais du Luxembourg, construit au même moment pour la souveraine.
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Le château de Cormatin.
Le château est entouré de douves (23 à 26 m de large). Au-dessus du muret s'élevait le rempart qui fermait le quatrième côté. Il atteignait l’étage des ailes Nord et Sud. On voit encore sur les façades l’encadrement des portes du chemin de ronde, à cheval sur les deux corniches du milieu.
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Le château de Cormatin.
Les façades extérieures, d’une rigueur militaire, sont inspirées de la citadelle de Chalon sur Saône dont Antoine du Blé a été nommé Gouverneur par Henri IV.
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Le château de Cormatin.
Toute la richesse architecturale se concentre sur les portes réalisées en 1624. Elles ont probablement été dessinées par Salomon de Brosse, dont on connaît des projets très proches. Le grand architecte avait travaillé pour la reine au palais du Luxembourg jusqu’à 1623. En faisant appel à lui, Jacques du Blé rendait hommage à la souveraine dont il était le protégé. La pierre utilisée vient de la colline d’Ameugny, à 1 km au sud. Elle était apportée par la rivière qui passait encore au pied du château. C’est un calcaire aux grains très fin, coloré par l’oxyde de fer.
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Le château de Cormatin.
La cour. Jusqu’en 1902, les murs étaient enduits au mortier de chaux avec un dessin de fausses pierres, afin de donner une régularité aux façades et pour mettre en valeur les lignes de l’architecture. Après la dernière fenêtre, on devine l’encadrement des portes du chemin de ronde, à cheval sur les deux corniches du milieu.
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L’aile du Sud s’est écroulée en 1815 lors de sa transformation en fabrique de toiles imprimées. Il subsiste le niveau des cuisines sous la terrasse actuelle. Une partie du pavillon d’angle a été transformée en orangerie vers 1820 et voûtée pour conserver la chaleur en hiver. Jusqu’en 1902, les murs étaient enduits au mortier de chaux avec un dessin de fausses pierres, afin de donner une régularité aux façades et pour mettre en valeur les lignes de l’architecture. Cette disposition a été rétablie sur le pavillon de l’orangerie, conformément aux « devis de blanchisserie des murs » de 1624.
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La façade Nord du château. Tout en conservant le décor de bossages et l’apparence militaire voulue par Antoine du Blé, la façade nord offre une composition plus savante. Ce corps de logis fut construit en dernier (1620 – 1625) pour abriter les appartements d’été. Un avant-corps à fronton est encadré de deux ailes et de grands pavillons carrés, qui rappellent les tours d’angle du Moyen Âge. C’est un des premiers exemples d’une disposition en cinq éléments, qui s’imposera ensuite à la plupart des châteaux du classicisme français. Les tourelles « en poivrière », dégagées du mur aux 2/3, sont une prouesse technique. Leur aspect médiéval est voulu pour affirmer l’ancienneté de la famille déjà noble en 1022. Les chaînages de bossages. Le soubassement de 6 m de haut isole les appartements par souci de prestige autant que de défense. Il est copié sur celui de la citadelle de Chalon, dont les marquis d’Huxelle étaient gouverneurs.
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Porte de l'aile Nord. Dans la cour, les portails allègent le parti très rigoureux voulu par Antoine du Blé. Ils sont ajoutés en 1624 sur des dessins attribués à Salomon de Brosse, et sont très proches d'autres œuvres du grand architecte de Marie de Médicis.
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Porte de l'aile Ouest.
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A la place du muret s'élevait le rempart. Un pont de bois enjambait les douves sur 24 m et se terminait en pont-levis. Quatre canonnières assuraient la défense de cet accès. Une douzaine, sur les autres façades, permettaient l’usage d’armes à feu pour empêcher l’escalade. Ces défenses étaient un privilège de noblesse et affirmaient aussi une volonté d’indépendance vis-à-vis du pouvoir royal : « le seigneur est maître chez lui ». Au début du XVIIe siècle, elles restaient nécessaires contre les bandes armées qui étaient encore nombreuses.
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La girouette du château.
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La girouette du château.
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L'escalier intérieur « vide à la moderne » est copié sur celui qui existait au palais du Luxembourg, à Paris. Haut de 20m et large de 9m, il séduit par l’ampleur de ses perspectives, la beauté des jeux de lumière et l'harmonie de ses lignes.
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L’escalier d’honneur, au centre de l’aile nord, est le plus vaste que l'on ait conservé du modèle à vide central sur plan carré. Commandé par contrat signé à Paris en janvier 1624, construit en pierre sur quatre niveaux, et terminé en dix mois, il reprend les dispositions de l’escalier du palais du Luxembourg, élevé par Salomon de Brosse pendant l’année 1623 (détruit au début du XIXe siècle).
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Il est particulièrement remarquable pour ses larges arcs rampants supportant les volées de pierre et pour ses magnifiques balustres « posez de la mesme distance et de semblable architecture que ceulx de l’hostel du Luxembourg » (contrat de 1624).
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Bas de l'escalier.
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Le haut de l'escalier.
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Le haut de l'escalier.
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Le haut de l'escalier.
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Le haut de l'escalier.
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Le château de Cormatin.
La bibliothèque 1900. A la fin du XIXe, le propriétaire est Raoul Gunsbourg, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo. Il restaure le château en respectant les décors du XVIIe siècle. Cependant, il s’amuse à concevoir lui-même des appartements pour ses invités dans les parties du château qui n’avaient plus de décor. Très éclectique dans ses choix, il crée des ambiances romaines, Louis XIV, Renaissance, gothiques, byzantines, etc. Il n’hésite pas à démembrer des meubles anciens pour composer des cheminées, armoires ou buffets dans le style choisi… Le grand tableau « Ronde antique » de Feyen-Perrin a été exposé au Salon des Beaux-Arts de 1863. Gunsbourg l’a acquis à Paris vers 1910 et Matisse l'aurait vu peu avant, au moment où il élaborait son tableau « La Danse » (1909).
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La bibliothèque 1900. À l’étage, le salon-bibliothèque permet d’évoquer les célèbres chanteurs et compositeurs, qui séjournaient à Cormatin pendant les étés de la Belle Epoque, Caruso, Chaliapine, Litvine, Jules Massenet, etc.
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La bibliothèque 1900.
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La bibliothèque 1900.
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La bibliothèque 1900.
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La bibliothèque 1900.
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La bibliothèque 1900.
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La bibliothèque 1900.
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La bibliothèque 1900.
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Les salles 1900. Chambre de Lamartine. 1813, Alphonse de Lamartine, âgé de 20 ans, séduit Nina, fille des propriétaires : « Elle avait fait de Cormatin un séjour d'attraits, d'art et de délices", Léon de Pierreclau naît de cette liaison. I843, Henri de Lacretelle devient propriétaire. Intime de Lamartine, il le reçoit souvent et lui réserve l'ancienne chambre de Nina, où était né Léon. Il y écrira une partie de l’"histoire des Girondins". 1847, Lamartine réunit au château ses amis politiques pour rédiger son programme "républicain et socialiste". Imprimé à Maçon, ce texte connaît un
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Les salles 1900. Chambre de Lamartine.
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Les salles 1900. Chambre de Lamartine.
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Les salles 1900. Chambre de Lamartine.
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L’appartement de la marquise d’Huxelles a conservé la distribution habituelle à l’époque dans la haute noblesse : suivant un ordre croissant d’intimité, on passe de l’antichambre à la chambre puis au cabinet. L’antichambre est la salle publique, sorte de « sas social », que traversent les personnes de qualité et où attendent les personnes inférieures. On n’y reçoit que les jours de bal et de banquet. En France, c’est la seule grande salle de l’époque à avoir gardé des « boiseries de hauteur » couvrant la totalité des murs.
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Salomon.
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Minerve.
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Diane.
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Diane.
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Au-dessus de la cheminée, dans un encadrement de trophées militaires, le jeune roi Louis XIII caracole devant les tours de Notre-Dame de Paris.
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Au-dessus de la cheminée, dans un encadrement de trophées militaires, le jeune roi Louis XIII caracole devant les tours de Notre-Dame de Paris.
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Trophées.
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La chambre de la marquise. C’est la pièce principale d’un appartement, le lieu de la sociabilité, où les familiers ont libre accès
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La chambre de la marquise. On y dort, on y reçoit et on y prend les repas.
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La chambre de la marquise. La cheminée, par son ampleur, évoque les rétables des églises baroques. Elle est ornée d’un tableau «Vénus commandant à Vulcain des armes pour Enée» peint avant 1626 par Quentin Varin, peintre attitré de la reine Marie de Médicis et apporté à Cormatin en avril 1627.
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La chambre de la marquise.
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La chambre de la marquise.
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La chambre de la marquise.
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La chambre de la marquise. La chapelle.
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La chambre de la marquise. Détail des boiseries de la chambre.
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La chambre de la marquise. Le plafond à la française est somptueux, avec ses poutres peintes en bleu de lapis lazuli, ses ornements en relief blanc et or et ses fleurs assemblées en bouquets et corbeilles
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La chambre de la marquise. Le plafond à la française est somptueux, avec ses poutres peintes en bleu de lapis lazuli, ses ornements en relief blanc et or et ses fleurs assemblées en bouquets et corbeilles
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La chambre de la marquise. Le plafond à la française est somptueux, avec ses poutres peintes en bleu de lapis lazuli, ses ornements en relief blanc et or et ses fleurs assemblées en bouquets et corbeilles
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Le château de Cormatin.
La chambre de la marquise. Le plafond à la française est somptueux, avec ses poutres peintes en bleu de lapis lazuli, ses ornements en relief blanc et or et ses fleurs assemblées en bouquets et corbeilles
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Le château de Cormatin.
Deux pièces complètent ces salles d’apparat, un cabinet pour l’intimité et le confort et une garde-robe pour le service des femmes de chambre. On peut donc comprendre à Cormatin l’organisation de la vie quotidienne au XVIIe siècle, dans un temps où public et privé commençaient à peine à se différencier.
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Le château de Cormatin.
Deux pièces complètent ces salles d’apparat, un cabinet pour l’intimité et le confort et une garde-robe pour le service des femmes de chambre. On peut donc comprendre à Cormatin l’organisation de la vie quotidienne au XVIIe siècle, dans un temps où public et privé commençaient à peine à se différencier.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La garde-robe pour le service des femmes de chambre.
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Le château de Cormatin.
La liaison entre l’appartement de la marquise et celui de son mari, Jacques du Blé, se faisait par deux pièces, conçues comme des espaces de présentation pour les hôtes privilégiés : la salle des miroirs et le cabinet de Sainte Cécile.
La salle des miroirs. C'est un témoignage très rare de ces « chambres des merveilles » ou « cabinets de curiosités », si fréquents en Europe au début du XVIIe siècle.
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Le château de Cormatin.
La salle des miroirs. On y assemblait, sans esprit scientifique mais pour alimenter des réflexions symboliques, objets exotiques ou étranges, coquillages, animaux empaillés, minéraux, bronzes, etc.
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Le château de Cormatin.
La salle des miroirs.
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Le château de Cormatin.
La salle des miroirs. Le plafond à caissons ornés d’amours volant sur fond de ciel est un des plus anciens témoignages de l’implantation en France de cette mode italienne, apportée au palais du Luxembourg en 1625-26 par Orazio Gentileschi.
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La salle des miroirs.
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Le château de Cormatin.
La salle des miroirs. Pour renforcer le caractère initiatique du cabinet, le plafond comporte des symboles alchimiques (au centre, l'enfant répandant des roses à l'aurore représente la "Rosea" nécessaire aux opérations alchimiques).
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La salle des miroirs.
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La salle des miroirs. Au-dessus de la cheminée, le maître des lieux, Jacques du Blé surnommé à la Cour "le Rousseau de la Reine".
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