Exposition sur la peste de 1720, Musée d'Histoire de Marseille.
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La Peste à Marseille en 1720.
Plan de Marseille et ses Environs Anonyme. 1767. Gravure aquarellée.
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La Peste à Marseille en 1720.
Blason de fondation du Lazaret: Lazaret 1666. Calcaire.
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La Peste à Marseille en 1720.
Marseille et son système de quarantaine.
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Les Catalans.
Dans la petite crique de Saint-Lambert, en 1558 on construisit un lazaret, qui succéda à celui de l'anse de l'Ourse (actuellement les bassins de la Joliette). Le seul vestige est cette tour. Il resta en fonction jusqu'en 1663 où un nouveau lazaret fut construit à Arenc. Dans ces lazarets, on plaçait en quarantaine les cargaisons et les équipages des bateaux pour éviter les épidémies, en particulier la peste. Les bateaux étaient envoyés au mouillage à Pomègues ou à l'île de jarre.
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Marseille et son système de quarantaine.
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Marseille et son système de quarantaine. Vue du lazaret (pavillon d'entrée vue de l'intérieur), anonyme, dessin à la plume aquarellée.
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La Peste à Marseille en 1720.
Marseille et son système de quarantaine. Intérieur du lazaret, Raffet, 1837, dessin (détail).
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Marseille et son système de quarantaine. Les cabanons des pestiférés.
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Marseille et son système de quarantaine.
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Consignes sanitaires.
Edifiée en 1719 par l'architecte Mazin, c'est un mélange de baroque et de néoclassicisme inspiré de la Renaissance.
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Consignes sanitaires.
Le fronton de l'attique porte les armes royales (martelées) à coté de celles de Marseille. La statue de Saint-Roch, qui est en fait une copie de Chardigny, a été réalisée après la révolution.
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La Peste à Marseille en 1720.
Carte des îles de Ratonneau, Saint-Jean et Château d'If. Anonyme XVIIIe siècle Lithographie aquarellée
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Le Lazaret de Pomègues. Anonyme, XVIIIe siècle Aquarelle.
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Port de Pomègues.
A partir du XVIIe s., les relations de Marseille avec les Echelles du Levant l'exposent de façon permanente aux terribles épidémies de peste et de choléra. Le Conseil de la ville décide la mise en place d'un système de quarantaine et pendant plus de deux siècles, les îles du Frioul jouent un rôle sanitaire de premier ordre. 1627 : Le port naturel de Pomègues est aménagé pour la purge des marchandises et le mouillage des navires suspects. 1720 . Malgré l'efficacité du triangle sanitaire contrôlé par le bureau de santé - que sont la grande prise de Pomègues, le lazaret à Arenc au Nord de la ville, les consignes sanitaires à l'entrée du Port -, la peste entre dans Marseille avec "Le Grand Saint-Antoine", navire en provenance d'Orient. Ce sera la plus tragique épidémie de peste connue dans l'Histoire.
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Port de Pomègues.
Aurails creusés dans les rochers pour permettre aux bateaux de s'amarrer. Lazaret vient de l'italien Lazzaretto, de Nazareto - l'hôpital Santa Maria di Nazaret - une des premières îles de quarantaine au large de Venise.
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Plan géométral de la ville, citadelles, port et arsenaux de Marseille. Joseph Razaud, 1743. Gravure aquarellée, eau-forte. La publication date de 1743 mais la levée du plan est bien antérieure, probablement vers 1700. Ce plan célèbre les nouveaux aménagements royaux.
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Plan géométral du Lazaret de Marseille.
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Plan des infirmeries du Lazaret de Marseille. A droite, en bas, l'isle de Pommegue.
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Plan du Lazaret de Marseille, dit « Les Infirmeries ». Anonyme XVIIIe siècle Dessin à la plume rehaussé d'aquarelle Le lazaret était destiné au séjour en quarantaine des passagers et marchandises soupçonnés d'être porteurs de la peste. Il a été fondé dans le quartier d'Arenc en 1663, et agrandi en 1729. Les aménagements des nouveaux ports de Marseille au XIXe siècle ont amené sa destruction.
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Pince à désinfecter les livres de bord des navires suspectés de peste. XVIIIe siècle. Fer forgé.
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Registres des patentes de santé, 1786 – 1806. Fin du XVIIe siècle. La patente de santé est un document établi par les autorités maritimes. Il indique l’état sanitaire du navire, ainsi que celui de son port de provenance. Il doit être présenté par le capitaine lors de son arrivée dans un nouveau port. Le bureau des intendants de la santé de Marseille a été dressé en 1719 sur les plans réalisés par l’ingénieur militaire Mazin.
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7 Patente de santé. 1792. Papier. 8 Acte royal sur l’interdiction de toucher les haillons contaminés par la Peste 1721. Papier.
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Première page de l’Évangile selon Saint Jean. 1720, Bois, verre. Le capitaine de navire prêtait serment sur ce panneau enchâssant la première page de l’Évangile selon Saint Jean, et jurait que l’état sanitaire de son navire était confirme à celui indiqué sur la patente.
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Perce document pour désinfecter le courrier.
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Foyer pour vapeurs antiseptiques.
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Coffret offert ou Chevalier Roze par la Ville de Marseille. Anonyme, XVIIIe siècle. Bois de violette, métal. Musée à 'Histoire de Marseille, fonds du Musée du vieux-Marseille. Le Chevalier Roze (1675-1733, Nicolas dit le chevalier) est un négociant marseillais. Il devient noble suite à de hauts faits militaires lors de la guerre de Succession d’Espagne. Durant la peste de 1720, il est nommé commissaire général du quartier de Rive Neuve. Son action héroïque pendant l’épidémie lui vaut la reconnaissance de la ville. Il reçoit ce coffret de très belle facture, aux armes de France gravées sur les ferrures ainsi qu’une rente.
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L'équipage du Grand Saint-Antoine.
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Eléments provenant de l'épave du Grand-Saint-Antoine. Début du XVIIIe. En bas, Fragments de céramique et Boulets de canon.
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3. Cuillère 4. Encrier 5. Fourneau de pipe
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7. Fragments de céramique 8. Tête de gaffe
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2. Battant de cloche
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9. Boulets de canon.
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Piège à rat. XVIIe siècle. Fer.
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Tissu indienne à ramage XVIIIe siècle. Coton indienne. Caraco à la spencer. Milieu du XVIIIe siècle. Coton indienné, bourrettes de soie.
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Brûlement du vaisseau Le Grand Saint Antoine, capitaine Jean-Baptiste Chataud de Marseille, Registre des pertes et naufrages (1715B-1745). 23 janvier 1721 Ce registre consigne l’historique du bateau depuis son arrivée à Marseille le 25 mai 1720 jusqu'à son incendie volontaire en septembre sur ordre du Régent.
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Déclaration du capitaine Chataud devant l'intendant de santé à l’arrivée du Grand Saint-Antoine à Marseille le 25 mai 1720. La déclaration du capitaine Chataud est présentée sur la page de droite du registre. Cette page contient, à la suite, quatre déclarations : celle du capitaine Guillaume Vachier, venant d'Alger, du capitaine Jean-Baptiste Chataud, venant de Seyde, du capitaine Etienne Icard, venant de Smyrne, ainsi que du capitaine Louis Combe, venant de Smyrne.
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La Peste à Marseille en 1720.
Déclaration du capitaine Chataud devant l’intendant de santé à l’arrivée du Grand Saint-Antoine à Marseille le 25 mai 1720 (reproduction). Explications tirées de l’ouvrage de Michel Goury, Un homme, un navire : la peste de 1720, Marseille, éditions Jeanne Laffitte, 2013 Depuis 1709, les déclarations faites par les capitaines de bâtiments à leur arrivée sont encore toutes parfaitement lisibles, dressées par le commis des archives sous la dictée des intendants. Mais celle de Jean-Baptiste Chataud n’est pas rédigée d’un seul tracé. Elle intègre maladroitement au texte d’origine, dans une écriture irrégulière et appuyée, nombre de rajouts, mots ou phrases, écrits rapidement et sans attention de présentation.
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La Peste à Marseille en 1720.
Soupçon de peste le 8 mai 1722.
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Soupçon de peste le 8 mai 1722.
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La Peste à Marseille en 1720.
Nomination de deux échevins à Marseille, 12 octobre 1722.
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La Peste à Marseille en 1720.
Distance de quarantaine des marchandises, 30 juin 1723.
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La Peste à Marseille en 1720.
Avis au public, feux de Saint-Roch et de purification, 15 août 1720.
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La Peste à Marseille en 1720.
Obligation de tenir boutique ouverte, 17 septembre 1720.
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Mis en quarantaine des pestiférés, 18 octobre 1720.
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La Peste à Marseille en 1720.
Obligation de déclarer sa maladie, 1er mars 1721.
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Vue du Cours de Marseille, dessiné sur le lieu pendant la peste arrivée en 1720. Jacques Rigaud, 1720, gravure, eau-forte. Jacques Rigaud (1681-1754) est peut-être un témoin direct de l’épidémie de peste tout comme le peintre Michel Serre. Ses gravures du Cours et de l’Hôtel de Ville précisent «dessiné sur le lieu pendant la peste». Ici, au premier plan, une scène de désolation montre des corps entassés sur des charrettes, des malades ou mourants abrités ou non sous des tentes. Monseigneur de Belsunce est représenté accompagné d’autres religieux ainsi que des officiels à cheval. Des cadavres sont évacués des immeubles par les fenêtres à l’aide de cordes. Derrière, des tentes sont dressées le long du Cours. Dans le ciel, des anges brandissent des lances : évocation de la punition divine qui s’abat sur la ville.
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La Peste à Marseille en 1720.
Vue du cours de Marseille. Jacques Rigaud, d'après le tableau de Michel Serre. Gravure sur cuivre. Musée du Vieux Marseille Cette vue est particulièrement intéressante car elle a été dessinée «sur le lieu pendant la peste arrivée en 1720.»
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La Peste à Marseille en 1720.
Vue de l’hôtel de ville de Marseille et d’une partie de son port, dessiné sur le lieu pendant la peste arrivée en 1720. Jacques Rigaud, 1720, gravure, eau-forte. Jacques Rigaud (1681-1754) est peut-être un témoin direct de l’épidémie de peste tout comme le peintre Michel Serre. Ses gravures du Cours et de l’hôtel de ville précisent « dessiné sur le lieu pendant la peste». Scène de désolation identique à celle du Cours, malades et mourants jonchent l’esplanade mais sont également représentés sur des bateaux. Les corps sont tirés et entassés sur les charrettes. Les religieux ainsi que les autorités civiles et militaires apportent leur secours aux désespérés.
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La Peste à Marseille en 1720.
L'épidémie de 1720 -1725. « Vorstellung des hochst betrübten Zustands zu Marsilien»: Représentation de l'état de grande désolation de Marseille. Après 1720 Gravure sur cuivre. L'épidémie qui a frappé Marseille à partir de 1720 a donné lieu à une abondante production iconographique.
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Hommage à Belsunce. Dédiée aux habitants de Marseille. François Beisson. 1820. Gravure sur cuivre.
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Ex-voto. Prière contre la peste. Anonyme. 1721. Huile sur carton.
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La peste dans la ville de Marseille en 1720. Anonyme. 1755. Huile sur toile. Cette scène représente l'un des épisodes les plus dramatiques de la peste de 1720 : des centaines de cadavres jonchent l'esplanade de la Tourette depuis août et il devient urgent de les évacuer. En septembre, le Chevalier Roze se porte volontaire, avec l'aide des échevins, pour diriger l'opération de déblaiement. A cheval, ils commandent l'enlèvement des cadavres par les galériens, reconnaissables à leur casaque et bonnet rouge. La tour, au premier plan, sert de fosse.
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Courage civil: les échevins de Marseille, 1720 Achille Sirouy d'après Dominique Antoine Jean-Baptiste Magaud. XIXe siècle, lithographie. Le Cercle religieux commande au peintre D. A. Magaud (I8I7J899) une série de «tableaux historiques» pour sa Galerie historique (réserves des musées de Marseille). Le Courage civil rend hommage au dévouement de l'administration durant la peste de 1720. Sont représentés avec les échevins : le Chevalier Roze, Monseigneur de Belsunce, le jésuite Milley ainsi que le peintre Michel Serre, tous deux commissaires de quartier. Cette œuvre a inspiré à Henri Pinta un vitrail de la basilique du Sacré-Cœur du Prado.
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La Peste à Marseille en 1720.
Marseille pendant la Peste de 1720. Hyacinthe Aubry-Lecomte d’après François Baron Gérard 1835, lithographie.
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Les sept péchés capitaux, Le livre de la justice de Dieu. Anonyme d'après Barthélemy Chasse. Début du XVIIIe siècle. Gravure sur cuivre.
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Buste de Monseigneur de Belsunce.
Buste de Monseigneur de Belsunce. Auguste Ottin. XIXe siècle. Bronze. Nommé évêque de Marseille par le roi en 1709, Henry François-Xavier de Belsunce de Castelmoron (1670 -1755) a occupé ce siège jusqu'à sa mort. La grande Peste qui s'est abattue sur Marseille en 1720 a marqué son épiscopat : son dévouement au peuple a été alors unanimement salué. Au cours d'une cérémonie expiatoire célébrée sur le Grand Cours (aujourd'hui Cours Belsunce), il décide de consacrer la ville au Sacré-Cœur de Jésus.
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La Peste à Marseille en 1720.
Portrait de Mgr H. F. Xavier de Belsunce. Anonyme, XVIIIe siècle. Huile sur toile. Devenu évêque de Marseille par le Roi en 1709, Henry François-Xavier de Belsunce de Castelmoron (1670 -1755) a occupé ce siège durant quarante-six ans, jusqu'à sa mort. La grande Peste qui s’est abattue sur Marseille en 1720 a marqué son épiscopat : son dévouement au peuple a été alors unanimement salué. Le pallium, manteau blanc qui entoure ses épaules et sur lequel est sa croix pectorale, lui est accordé par le pape en 1731.
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La Peste à Marseille en 1720.
Apparition du Sacré-Cœur de Jésus. Robert Bichue, 1750, huile sur toile. Ce tableau mal documenté semblerait provenir d’une chartreuse, si l’on en juge par les moines qui y sont représentés. Il illustre l’apparition du Sacré-Cœur de Jésus, invoqué par les échevins et prélats de Marseille, lors de la Peste de 1720. La fête du Sacré-Cœur de Jésus est alors instituée. Mgr de Belsunce consacre le diocèse de Marseille au Sacré-Cœur de Jésus pour enrayer la reprise de l’épidémie.
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La Peste à Marseille en 1720.
Portrait de Jean-Baptiste Estelle. Anonyme. Aquarelle. Jean-Baptiste Estelle (1662-1723) est premier échevin de Marseille en 1720 mais aussi l’un des quatre propriétaires du Grand Saint Antoine. Il est anobli par le Roi pour son action courageuse durant l’épidémie. Ce portrait représente le nouveau chevalier d’Estelle, seigneur du petit fief d’Arenc, en armure.
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La Peste à Marseille en 1720.
Ordonnance du chevalier Charles de Langeron, chef d’escadre des galères, maréchal de camp et commandant de la ville et des échevins portant sur l’obligation pour les personnes convalescentes présentant encore des symptômes ou en quarantaine d’effectuer cette quarantaine dans les grandes Infirmeries de la ville. Marseille, le 18 octobre 1720.
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La Peste à Marseille en 1720.
Ordonnance du chevalier Charles de Langeron, chef d’escadre des galères, maréchal de camp et commandant de la ville, du marquis de Pilles, gouverneur-viguier, et des échevins, portant sur l’interdiction de toucher, prendre, tirer ou piller les haillons provenant des maisons qu’on désinfecte Marseille, le 14 août 1721.
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La Peste à Marseille en 1720.
Avis au public défendant à toute personne de changer de maison et de transporter de l'une à l'autre meubles, hardes, linges ni autre effets. Marseille, le 13 juin 1722.
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La Peste à Marseille en 1720.
Arrêt interdisant toute communication avec Marseille, extrait des registres de Parlement tenant la Chambre des Vacations. Aix, le3I juillet 1720.
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La Peste à Marseille en 1720.
Lettre de remontrances écrite par les échevins et les députés de la Chambre de Commerce de la ville de Marseille, pour les habitants de la ville, à son altesse Royale, Monseigneur Le Duc d’Orléans Régent du Royaume. Marseille, le 19 janvier 1721.
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La Peste à Marseille en 1720.
Mallette de chirurgien présentée avec 6 cautères, ayant peut-être servi durant la peste en 1720. 1720 ( ?) Matériau composite, métal.
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La Peste à Marseille en 1720.
Instruments médicaux – chirurgicaux ayant servi durant la peste de 1720. Cautères : à bout rond, à bout carré, à bout en clive, à bout plat, à bout cylindrique, bistouri à fourreau, pince, bistouris à lame courte, sonde cannelée, support de sonde. Première page de l’Évangile selon Saint Jean. 1720, Bois, verre. Le capitaine de navire prêtait serment sur ce panneau enchâssant la première page de l’Évangile selon Saint Jean, et jurait que l’état sanitaire de son navire était confirme à celui indiqué sur la patente. A droite, un verre et son étui.
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La Peste à Marseille en 1720.
Mallette de chirurgien présentée avec 6 cautères.
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La Peste à Marseille en 1720.
Ensemble d’instruments médico-chirurgicaux ayant peut-être servi durant la peste en 1720, étain : 2. Bistouris à fourreau ; 3. Sondes et supports ; 4. Bistouris .
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La Peste à Marseille en 1720.
3. (en bas) Pince pour l'extrême onction à distance. 1720 (?), étain. 4. Pince pour donner les sacrements la distance 1720 (?), étain doré
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La Peste à Marseille en 1720.
Amulette, Pierre de peste. Terre cuite moulée. Vals-les-Bains.
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5. Pinces chirurgicales.
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La Peste à Marseille en 1720.
Pince de préhension à distance. Métal. Planche du « guide sanitaire des gouvernements européens ». M Robert, médecin du lazaret de Marseille 1826. Gravures sur cuivre coloriées. Médecin du lazaret (1720), garde de santé et chirurgien (1819). Les costumes étaient en toile cirée ou en cuir marocain. Le masque avait les yeux vitrés, et le nez était assez long pour que l’air passe à travers de nombreux linges imbibés de parfums. Recette du vinaigre des quatre voleurs contre la peste. Vers 1720. Cette recette de macération de plantes et épices antiseptiques fut inscrite dans le codex pharmacopées en 1748. Plaque commémorative évoquant la peste de 1720. 1800, cuivre. Cette plaque est dédiée « à la mémoire des hommes courageux qui s’y dévouèrent. ».
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La Peste à Marseille en 1720.
Planche du « guide sanitaire des gouvernements européens ». M Robert, médecin du lazaret de Marseille 1826. Gravures sur cuivre coloriées. Médecin du lazaret au centre (1720), garde de santé à gauche et chirurgien à droite (1819). Les costumes étaient en toile cirée ou en cuir marocain. Le masque avait les yeux vitrés, et le nez était assez long pour que l’air passe à travers de nombreux linges imbibés de parfums.
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La Peste à Marseille en 1720.
Vase de pharmacie dit de « monstre», Theriaca. A. ; I H S. Fabrique Saint-Jean-du-Désert, dernier quart du XVIIe siècle, faïence stannifère, décor de grand feu : bleu et manganèse. Le pot de monstre est un vase prestigieux, de grande taille, destiné à être exposé, montré. Ce vase d'apparat contient les remèdes les plus renommés comme ici de la thériaque, remède au mélange complexe servant d’antidote contre les poisons. Le thériaque est également réputée pour son efficacité contre les maladies contagieuses et notamment la peste.
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Pot de vinaigre des quatre voleurs. 2021. Herboristerie du Père Blaize, Marseille. Mettre à macérer la dose de 48 g dans 1 litre de vinaigre blanc pendant 15 jours en remuant tous les jours et près d'une source de chaleur. Au bout de 15 jours, filtrer. La préparation est prête à l'emploi. On peut l’utiliser en inhalation (à respirer sur un mouchoir).
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Fragment et inscriptions du mur de la peste, mur de la masure de Venasque. I720-1722. Calcaire.
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Médaille de Louis XV marquant la fin de la peste à Marseille et en Provence. Vraisemblablement Jean Du Vivier (I687-I76I), 1723 (?). Bronze. Don de la société de statistique, 1866. Marseille, Cabinet des Monnaies et Médailles Objet de prestige facilement transportable et défiant le tempe, la médaille est un bon support de propagande. Ici un génie ailé, drapé des armoiries royales, soigne à l’aide du bâton d’Esculape la Provence suppliante, tandis que de son bouclier il protège le Dauphiné et le Languedoc. Le roi a vaincu la peste….
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L’HABIT DU MÉDECIN DE PESTE L’habit qu’auraient porté les médecins est désormais indissociable de l’image de la peste de 1720. Constitue par une longue robe, des gants et un masque « à bec de corbin», il aurait été mis au point à Paris lors de la peste de 1619 par le docteur Charles Delorme. Il n’est pas attesté à Marseille en 1720. Des acteurs et témoins directs précisent que les membres du corps de santé étaient « munis de sarrots, espèce de justaucorps de toile cirée». Ils indiquent qu’ils mettaient sur leur visage un mouchoir renfermant une éponge imbibée de vinaigre. Ce sont des publications extérieures à la Provence ou postérieures qui suggèrent qu'un tel habit aurait été utilisé à Marseille. Ces vêtements imperméables et un masque ou un mouchoir devaient en frit protéger le médecin du « mauvais air» qui pourrait pénétrer par ses pores et sa respiration. Cet air était réputé chargé de «miasmes», sortes de particules en suspension dans un air «corrompu» qui risquaient de lui communiquer la peste.
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Pince à transporter les cadavres. XVIIIe siècle (?). Fer forgé. Cette pince, très lourde à manipuler, n’a sans doute jamais été utilisée mais a fortement marqué l’imaginaire collectif et reste associée à la peste.
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Recette du vinaigre des quatre voleurs.
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La Peste à Marseille en 1720.
Les clôtures et divisions de Marseille durant l'épidémie
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La Peste à Marseille en 1720.
Distribution intra-muros des forces de police pendant la désinfection de 1722.
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La Peste à Marseille en 1720.
Marseille Essonne terroir.
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La Peste à Marseille en 1720.
Les lieux atteints par l'épidémie de peste. 1720-1722
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La Peste à Marseille en 1720.
Mémoires de peste dans la ville, Marseille 2021/1720.
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La Peste à Marseille en 1720.
Mémoires de peste dans la ville, Marseille 2021/1720.
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La Peste à Marseille en 1720.
Le pouvoir local : une « gestion de crise » défaillante. À la mi-juillet 1720, alors que le nombre de victimes «suspectes» progresse depuis presque un mois, le discours médical officiel se résume à des « fièvres malignes causées par la alimentation », même si les médecins Peyssonnel pire et fils avaient déjà diagnostiqué la peste. Les pouvoirs publics, l'Intendance sanitaire et le milieu du négoce craignent la reconnaissance de peste. Ils appréhendent les difficultés commerciales qui en découleraient et redoutent l'accusation d'avoir importé le fléau dans la cité, de surcroît au moyen d'un navire de commerce propriété du premier magistrat de la cité. Les victimes se comptant chaque jour par plusieurs dizaines et les habitants fuyant hors de la ville, le Parlement de Provence décrète le 31 juillet l’interdiction de tout commerce et communication entre les habitants de la ville et de la Provence, ainsi que fit fermeture de la cité et de son port. Diverses mesures administratives sont alors prises par les autorités locales et le pouvoir royal pour tenter d’enrayer le mal : fermeture et surveillance des rues, enfermement et ravitaillement, fermeture des écoles, limitation des rites funéraires, réquisition de paysans pour la tenue de fosses communes, recrutement de croquemorts parmi « les misérables et les gueux », embrasement général des remparts et des principales rues pour purifier l’air et chasser les miasmes... Mais rien n’y fait ! Fin août, la mortalité connaît son paroxysme, emportant jusqu’à 1000personnes par jour (contre 50 au début du mois).
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L’intervention du pouvoir local. Début septembre, «pour remédier aux désordres qui règnent dans la ville de Marseille», le Régent nomme le chevalier Charles-Claude Andrault de Langeron à la tête de la ville et le dote de pouvoirs extraordinaires. Débordés et épuisés, les échevins reçoivent cette nomination avec soulagement. Un arrêt du Conseil du Roi du 14 septembre isole Marseille et son terroir du reste du royaume. Le nouvel administrateur dispose de 6 compagnies de soldats pour procéder au nettoiement de la ville redécoupée en secteurs et instaure une série de mesures : retrait de cadavres, arrestation de pilleurs, fermeture de tripots, enlèvement des ordures, réorganisation des hôpitaux, désinfection des maisons contaminées, rejet des malades venus du terroir, tenue de registres des morts... La contagion ralentit dès le mois d’octobre 1720 avec une mortalité quotidienne qui n’est plus que de l’ordre d’une vingtaine. La vie reprend peu à peu. En février 1721, la Chambre de Commerce reprend ses activités, les églises rouvrent leurs portes, les cloches peuvent de nouveau sonner.
La rechute. Mais au début du mois de mai 1722, la peste frappe à nouveau la vieille ville. La panique s'empare de la population. Le danger cesse au cœur de l’été et cette nouvelle vague fera environ 200 victimes. L'effroi, qui n’aura duré que 3 mois, est suivi d’opérations de désinfection générale sous la houlette du Commandant Langeron. Fin 1722, les barrières aux portes de la ville sont détruites. En décembre, la circulation est rétablie entre la ville et son terroir. En mai 1723, la ligne de blocus de la Provence est levée et le rétablissement complet du commerce interviendra au début de l’année 1724.
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La Peste à Marseille en 1720.
Mais quel est donc cette maladie ? Un réseau d'hôpitaux bien répartis intra-muros, proche des remparts et des fosses communes est mis en place. Clos de murailles, gardes jour et nuit par des soldats, le Lazaret, la Corderie, les Convalescents, l’Hôtel-Dieu, la Charité, le Mail, les Augustins Réformés, l’Observance, les Enfants abandonnés et les Minimes permettent de circonscrire le fléau. La discussion s’élève entre les médecins sur la caractérisation de la maladie : peste (appelée également « contagion ») ou fièvre maligne ? Plusieurs thérapies sont expérimentées : les apothicaires fournissent la ville en herbes destinées à désinfecter les lieux pestiférés des miasmes en se consumant. Ils préparent des solutions végétales ayant pour but de faire vomir ou purger les pestiférés et des analgésiques. Les chirurgiens saignent les patients et autopsient les cadavres. Ils crèvent les bubons pour en évacuer le pus, tenus éloignés par une pince à long manche. Les échevins proposent à ce personnel soignant des salaires attractifs et divers avantages.
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La Peste à Marseille en 1720.
DIFFUSION DE LA PESTE (1720-1722) Avant l’arrêt du Parlement de Provence qui entend isoler la ville de Marseille à cause du « soupçon de peste » (31 juillet 1720), des centaines de Marseillais ont franchi les murs de la cité pour aller se réfugier dans son vaste terroir. Et en maintenant libre la circulation dans celui-ci, on a laissé à la peste le champ libre à sa diffusion. En quelques semaines, des dizaines de localités sont contaminées. Les unes proches de Marseille, comme Aubagne et Cassis, d’autres plus éloignées comme Apt, Carpentras ou Sainte-Tulle. Aux portes de Sisteron et de Digne, le mal gagne les contreforts des Alpes, alors qu’il est signalé à Bandol, Toulon, Martigues, Pertuis et affecte la Provence occidentale (Arles, Saint-Rémy, Noves, Tarascon, Orgon). Construit à la hâte au printemps 1721, sur une trentaine de kilomètres entre Cabrières-d’Avignon et Monieux, entre Durance et Ventoux, le « mur de la peste » ne contient pas l’avancée de l’épidémie. Celle-ci gagne la basse vallée du Rhône et atteint, en franchissant ce fleuve, des communautés des Cévennes et du Gévaudan. Loin de s’étendre sous la forme de traînées homogènes, la peste circule de manière erratique, agissant par intermittence dans l’espace et dans le temps avec de fréquentes rechutes. Elle dévaste des paroisses et en épargne d’autres, à proximité ou non des grandes villes pestiférées (Marseille, Aix, Toulon, Arles, Avignon), au gré de la circulation des hommes et des marchandises, de l’efficacité ou non de leur surveillance.
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La Peste à Marseille en 1720.
LA RELIGION AU SECOURS DE MARSEILLE. Les religions monothéistes considéraient autrefois la peste comme une punition divine envers une population pécheresse. L’évêque, Mgr de Belsunce, accuse les jansénistes (adeptes d’une dissension interne au catholicisme) présents dans la ville d’avoir irrité Dieu, en particulier les oratoriens qui tiennent le collège. Il met le Ier novembre I720 le diocèse sous la protection du Sacré-Cœur de Jésus, culte récent ' propagé par les jésuites, adversaires doctrinaux des jansénistes. Dès le début de l’épidémie, Henri de Belsunce se soucie d’apporter des secours matériels et spirituels aux malades. Des chanoines, des prêtres paroissiaux et la plupart des religieux vont, suivant son exemple, distribuer des victuailles et des aumônes et surtout conférer aux malades les derniers sacrements. La mortalité du clergé est forte, en particulier chez les capucins et les récollets (franciscains) ainsi que chez les jésuites et aussi les oratoriens. Le jésuite Claude-François Milley, qui a accepté d’être commissaire du quartier de la rue de l’Echelle où s’est déclarée la peste et s’y dévoue, meurt le 2 septembre 1720, suivi le 2 septembre du Père Jean-Jacques Gautier, supérieur de l’Oratoire, surnommé par le peuple « le saint de Marseille ».
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Exposition au Musée des Beaux-Arts.
Marseille en temps de peste 1720-1722 Les quatre images contemporaines de la peste de 1720. Dans les mois qui suivirent la fin de l’épidémie de peste qui avait ravagé la ville en 1720 apparaissent les premières images de la tragédie. Dès 1721, le peintre marseillais Michel Serre, témoin direct des évènements, peint les vues de l’Hôtel de Ville et du Cours au paroxysme de l’épidémie. Il réalise un troisième tableau, conservé au musée Atger à Montpellier, qui décrit l’évacuation des corps abandonnés sur l'esplanade de la Tourette, dirigée par le Chevalier Roze. C’est également cette scène que représente dans les mêmes années le grand peintre parisien, Jean-François de Troy. Cette œuvre majeure a beaucoup souffert du passage du temps. Elle vient de faire l’objet d'une remarquable restauration. Pour la première fois sont ainsi réunies les quatre peintures contemporaines des événements. Célébrer les héros de la peste Dès la fin de l'épidémie, Monseigneur de Belsunce et le Chevalier Roze s'imposent comme les deux figures, l’une religieuse l’autre laïque, du dévouement et de l'action des pouvoirs publics au secours des habitants de la ville. L'Intendance sanitaire chargée d’assurer le contrôle des navires entrant dans le port de Marseille va être à l'origine de la création des plus remarquables images de la peste. Dans le bâtiment de la consigne qu’elle occupe à l’entrée du Port, un véritable musée sur le thème de l’épidémie va être constitué autour des deux chefs d’œuvre dont elle fait l'acquisition dès le XVIIIe siècle, le bas-relief de la Peste de Milan, de Pierre Puget et le Saint Roch de David. Sous la Restauration, des tableaux sont demandés aux artistes parisiens les plus en vue : François Gérard livre un Monseigneur de Belsunce pendant la peste de Marseille et Paulin Guérin, Le Chevalier Roze faisant inhumer les pestiférés. La dernière commande de l'Intendance sanitaire concerne un nouveau danger épidémique qui menace la Provence, le choléra. En 1833, Horace Vernet peint Le Choléra à bord de la Melpomène. La scène évoque l'efficacité du régime de quarantaine : en 1833 le choléra s'était déclaré sur ce navire entré dans le port de Toulon. L’application des mesures d'isolement avait empêché l'épidémie de se répandre. Toutes ces œuvres en provenance de l’Intendance sanitaire ont été déposées au cours du XXe siècle au musée des Beaux-Arts
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Saint Roch intercédant la Vierge pour la cessation de la peste.
Jacques-Louis David. Paris, 1748-Bruxelles, 1825. Huile sur toile. C’est à David, jeune pensionnaire de l’Académie de France à Rome que le bureau de la Santé de Marseille, créé après l'épidémie de peste de 1720, commande ce tableau. Il est destiné à orner la nouvelle chapelle du Lazaret où étaient mis en quarantaine les nouveaux arrivants dans le port. C’est le premier grand succès du peintre qui allait bientôt s’affirmer comme le maître absolu de l’École de peinture française. Le tableau très admiré par Diderot au Salon de 1781, frappe par sa nouveauté. Si l'iconographie de saint Roch et de la Vierge est fidèlement respectée, c’est le regard intense du pestiféré au premier plan qui devient le centre symbolique du tableau.
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Saint Roch intercédant la Vierge pour la cessation de la peste.
Dans le bâtiment qu’elle occupe à l'entrée du port, l'Intendance sanitaire chargée de la surveillance des navires entrant dans le port, va réunir entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècles, un véritable petit musée consacré aux images de la Peste. En 1780, la première œuvre commandée est destinée à l'origine à orner la nouvelle chapelle du Lazaret à Arène, où étaient mis en quarantaine marchandises et nouveaux entrants dans le port. C'est David, jeune pensionnaire de l’Académie de France à Rome qui se voit confier la réalisation du tableau. C'est le premier grand succès du peintre qui allait bientôt s’affirmer comme le maître absolu de l'École de peinture française. Le tableau très admiré par Diderot au Salon de 1781, frappe par sa nouveauté. Si l’iconographie traditionnelle de saint Roch et de la Vierge est fidèlement respectée, c'est le regard intense du pestiféré au premier plan qui devient le centre symbolique du tableau. L'Intendance Dépôt du musée reconnaissant l'importance de la peinture, l’installe du Ministère de finalement dans ses bureaux sur le port, pour que le la Santé et de la public puisse admirer le chef d'œuvre.
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Vue de l’hostel de ville de Marseille
Jacques Rigaud. Puyloubier, 1680-Paris, 1754. Vue de l’hostel de ville de Marseille et d'une partie du port dessiné sur le lieu pendant la peste arrivée en 1720. Gravure en couleurs.
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Plan géométral de la Ville de Marseille.
Jean-Pierre Bresson Fils. 1772. Gravure
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Plan géométral de la Ville de Marseille.
Bien que dressé près de 50 ans après les évènements, le plan de Bresson Fils, daté de 1772, permet d’évoquer la ville de 1720 et les principaux lieux qui ont servi de cadre aux peintres pour leur représentation des scènes de la peste : le Grand Cours (n° 108 sur le plan, l’actuel Cours Belsunce), l'Hôtel de Ville (n° 5) et l’esplanade de la Tourette (n° 107). Marseille entourée de remparts présente une topographie et une densité de population très différente d’une rive à l'autre du port La rive nord (actuel quartier du Panier), la plus populaire, montre des ruelles étroites héritées du Moyen- âge. C’est dans ces rues qu'apparaît l’épidémie et qu’elle fera le plus de victimes. Au sud avec l'arsenal (n°1), où étaient enfermés les forçats qui seront réquisitionnés pour l’évacuation des corps, on trouve les rues larges, rectilignes et aérées de l'agrandissement de la Ville décidé par Louis XIV en 1666.
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La peste de Marseille
D’après Jean-François de Troy. Léopold Flameng. Bruxelles, 1831-Courgent, 1911. Eau-forte parue dans la gazette des Beaux-Arts en 1860.
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Monseigneur de Belsunce implorant la fin de la peste sur le Cours de Marseille
Gravure.
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Monseigneur de Belsunce implorant la fin de la peste sur le Cours de Marseille
Lors d’une messe célébrée à l’entrée du Grand Cours le 1er novembre 1720, Monseigneur de Belsunce consacre la ville de Marseille au Sacré-Cœur de Jésus afin d'obtenir la cessation de la peste, il se présente devant l'autel les pieds nus, la corde au cou, portant symboliquement sur ses épaules les pêchés des Marseillais. Le 28 mai 1722, il renouvelle ce vœu lors d'une cérémonie et fait promettre aux Échevins de tenir cette messe à perpétuité. De nos jours et conformément au vœu de 1722, une cérémonie à laquelle assistent le maire de Marseille et le président de la Chambre de Commerce se tient chaque année à la Basilique du Sacré-Cœur de Jésus sur l’Avenue du Prado. La consécration de la ville au Sacré-Cœur sera reprise au XIXe siècle par le peintre marseillais Augustin Aubert pour un tableau de l’église Notre-Dame-du-Mont, et par Henri Pinta pour deux vitraux de l’église du Prado.
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Eglise Notre-Dame du Mont
Mgr de Belsunce sur le cours pour la fin de la peste à Marseille, toile d'Augustin Aubert.
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Basilique du Sacré-Cœur.
Vitrail n° IV d'Henri Pinta. - La vénérable Anne-Madeleine Rémuzat inspire à Mgr de Belsunce en 1720 de consacrer Marseille au Sacré-Cœur pour obtenir la cessation de la peste. La peste sévissant dans la ville, Mgr de Belsunce demande conseil à Anne Madeleine Rémuzat, religieuse du monastère de la Visitation. Celle-ci propose d'établir la fête du Sacré-Cœur dans son diocèse et de consacrer la Ville, le ler novembre 1720, au Sacré-Cœur de Jésus, au cours d'une cérémonie expiatoire célébrée sur le Cours.
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Basilique du Sacré-Cœur.
Vitrail n° V - Le 28 mai 1722, les échevins de Marseille font vœu d'assister à perpétuité à la messe le jour de la fête du Sacré Cœur. Ce vitrail est directement inspiré d'un tableau d'Antoine Dominique Magaud (1817-1899), peint sous le Second Empire pour le Cercle religieux de Marseille (actuellement au musée des Beaux-Arts) représentant la réunion des échevins de Marseille en 1722, durant laquelle la fête votive dédiée au Sacré-Cœur fut entérinée. On remarquera le chevalier Roze (qui joua un rôle important dans la lutte contre la peste) debout derrière la table où sont assis les dignitaires de la ville.
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Portrait de Monseigneur de Belsunce, évêque de Marseille.
Huile sur toile. Anonyme, XVIIIe siècle.
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Portrait de Monseigneur de Belsunce, évêque de Marseille.
Henri François Xavier de Belsunce de Castelmoron (1670-1755) devient évêque de Marseille en 1709 et le restera pendant 65 ans, jusqu'à sa mort en 1755. Son courage et son dévouement auprès des Marseillais pendant la peste ont fortement impressionné ses contemporains. Il va s'imposer comme la figure emblématique de ceux qui se sont portés au secours de la population. De son vivant, son image est déjà largement diffusée par la peinture et la gravure. Le tableau présenté ici offre une image rare, celle de l’évêque âgé. L’évêque porte le pallium, une étole de laine blanche ornée de croix noires, distinction qui lui a été accordée en 1731, par le pape Clément XII. Il porte également sa croix pectorale ornée d’émeraudes et qui contenait des reliques de la vraie croix. Belsunce, qui l’avait reçu du pape Benoît XIII, lui attribuait le mérite d’avoir échappé à l’épidémie.
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Vue du Cours pendant la peste de 1720.
Huile sur toile. Le peintre Michel Serre, catalan installé à Marseille depuis 1675, a été un témoin et un acteur privilégié de l'épidémie de peste de 1720. Un an après la catastrophe, il peint trois tableaux qui sont les documents visuels les plus riches de renseignements que nous ayons sur cette période.
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Vue du Cours pendant la peste de 1720.
La Vue du Cours, l’actuel cours Belsunce, rend ; hommage â l'action des autorités civiles et j religieuses qui œuvrèrent aux opérations de secours aux habitants. Au cœur de la scène, on trouve Monseigneur de Belsunce, l’évêque de la ville qui fut l’un des principaux moteurs de l’assistance à la population. Serre a indiqué sur un rocher en bas à gauche de la toile, les noms des plus importants personnages, associés à des numéros aujourd'hui presque illisibles qui permettaient au public de les identifier sur la toile. La Vue du Cours évoque les scènes terribles de la vie pendant la peste : malades mourant dans la rue, galériens, reconnaissables à leur bonnet rouge, ramassant les corps, cadavres que l’on descend par les fenêtres. Elle offre également une vue du Grand Cours aujourd’hui disparu, magnifique exemple d’urbanisme baroque qui avait été aménagé un demi- siècle auparavant sur des dessins de Pierre Puget.
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Scène de la peste de 1720. L'Episode de la Tourette.
Huile sur toile. Michel Serre. Tarragone, 1658 – Marseille, 1733.
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Scène de la peste de 1720. L'Episode de la Tourette.
L'évacuation le 16 septembre 1720, par les forçats de l'Arsenal sous la direction du chevalier Roze, des cadavres abandonnés depuis le mois d'août sur l'esplanade de la Tourette, a fortement marqué les contemporains. Nicolas Roze (1675-1733), devient le héros civil de la peste, seule figure capable de se mesurer à celle de Monseigneur de Belsunce. Serre représente au centre du tableau, le chevalier dirigeant les opérations. A l’arrière-plan on voit l’un des bastions qui ont été évidés, et dans lesquels vont être précipités les cadavres avant d’être recouverts de chaux vive et de terre. Au fond, le peintre a figuré le portail baroque aujourd’hui disparu de la cathédrale médiévale, l’actuelle Vieille Major. Par son format, le tableau diffère nettement des grandes vues de la peste peintes par Serre. Il pourrait avoir été réalisé pour un particulier, peut-être le Chevalier Roze lui-même.
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Vue de l’Hôtel de Ville pendant la peste de 1720.
Huile sur toile. Michel Serre. Tarragone, 1658 – Marseille, 1733.
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Vue de l’Hôtel de Ville pendant la peste de 1720.
Le tableau, conçu en pendant de la Vue du Cours, devait à l‘origine avoir le même format, l‘Hôtel de Ville se trouvant au centre de la composition. Les scènes de désolation décrites sont d’ailleurs comparables, cadavres et malades jonchant l’espace public, évacuation des corps dans des charrettes par les forçats, intervention des autorités civiles et secours spirituels aux mourants portés par des religieux. Un détail évoque même les chiens errants dévorant les corps abandonnés dans la rue. En bas à gauche, Michel Serre s‘est peint dans une barque en train de dessiner, rappelant ainsi qu’il avait été un témoin direct des évènements qu’il représentait. Comme dans la Vue du Cours l'artiste a choisi comme décor de fond, l’un des bâtiments récents les plus emblématiques de la ville, l’Hôtel de Ville, dessiné sur les plans de Puget. L’édifice qui avait alors un toit d'ardoise, se dresse dans sa modernité baroque sur la toile de fond de la ville ancienne au tracé médiéval étroit et aux façades encore dans le style de la renaissance.
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Le Chevalier Roze à la Tourette pendant l'épidémie de peste de 1720.
Huile sur toile. Jean-François de Troy. Paris, 1679-Rome, 1752.
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Le Chevalier Roze à la Tourette pendant l'épidémie de peste de 1720.
Le 16 septembre 1720, sous les ordres du Chevalier Roze, les forçats évacuèrent les corps abandonnés depuis le mois d’août sur l'Esplanade de la Tourette. Les cadavres furent jetés dans des bastions qui bordaient la place et qu'on avait évidés. Ils furent ensuite recouverts de chaux vive et de terre. Des gardes étaient placés à l'entrée de chaque rue pour empêcher les bagnards de quitter les lieux. L'horreur de l'opération, et le courage de la mener, en ont fait l'épisode le plus fameux de la lutte contre l'épidémie. Le tableau de Jean-François de Troy a été peint à Paris vers 1722. Grâce à la gravure qui en est tirée dès 1727, l'œuvre devient l'image de la peste de Marseille la plus diffusée. Contrairement aux toiles plus réalistes de Michel Serre, témoin direct des évènements, la peinture de Jean-François de Troy, qui n’est jamais venu à Marseille, mêle de façon dramatique l'allégorie aux récits des contemporains. Dans un ciel menaçant aux couleurs d'orage, les anges exterminateurs sèment
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Le Génie de l’immortalité.
Barthélémy-François Chardigny. Rouen. 1797 – Paris, 1813. Le Génie de l'immortalité surmontait la Colonne de la Fontaine du dévouement, édifiée en 1802 pour commémorer la Peste de 1720. Le préfet de l'époque, Charles Delacroix (père du peintre Eugène Delacroix), avait confié la réalisation de ce monument au sculpteur Chardigny, qui avait déjà reçu de nombreuses commandes publiques sous la Révolution.
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Le Génie de l’immortalité.
La colonne en marbre provenait de la crypte de l’abbaye Saint-Victor. Elle était posée sur un piédestal qui célébrait tous ceux, connus ou anonymes, qui étaient venus au secours des Marseillais pendant l’épidémie. La couronne de laurier tenue par le génie honorait ainsi leur mémoire. Le génie est coiffé d’une flamme qui symbolise l’immortalité. Le flambeau qu’il redresse est une métaphore de la vie qui renaît après la peste. À ses pieds, le serpent buvant dans une coupe est associé à la déesse de la santé Hygie. Ce symbole est encore utilisé de nos jours pour les pharmacies. La colonne qui se trouvait sur la place Paradis (place Estrangin) se dresse aujourd’hui dans le jardin du conservatoire de musique, et le Génie a été remplacé par une copie afin de protéger l’original
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Le monument de la peste.
Ce monument se compose d'une colonne de granit provenant de l'abbaye de Saint-Victor, surmontée du génie de la santé, exécuté par Chardigny.
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Le monument de la peste.
Le génie de la santé, exécuté par Chardigny.
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Portrait de Monseigneur de Belsunce, évêque de Marseille.
Huile sur toile. Jérôme-Martin Langlois. Paris, 1779 -1838. Langlois peintre néoclassique de l'atelier de David est principalement connu pour ses peintures d'histoire inspirées de l'Antiquité grecque et ses portraits de personnages historiques
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Portrait de Monseigneur de Belsunce, évêque de Marseille.
En 1824, il présente au Salon à Paris, ce portrait de Monseigneur de Belsunce. Achetée par l’État, l'œuvre est envoyée l’année suivante à Marseille et placée à l'Hôtel de Ville. Elle rejoindra le musée à la chute de Charles X en 1830 ou sous la Seconde République en 1848. L’évêque est représenté implorant le ciel de mettre fin au fléau qui ravage la ville. Contrairement aux représentations habituelles, la peste est représentée de façon particulièrement discrète : on devine dans l’ombre à gauche les jambes d’une victime, à droite une femme, élégamment vêtue, paraît endormie. Si le portrait est fidèle aux représentations connues de Monseigneur de Belsunce, l’évêque, porte ici le pallium blanc orné de croix noires, qu’il reçût du pape onze ans après les évènements.
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Monseigneur de Belsunce pendant la peste de Marseille. François, Baron Gérard. Rome, 1770 - Paris, 1837. Ce tableau est la deuxième œuvre commandée par l’Intendance sanitaire de Marseille pour leur salle du conseil. Les intendants s’étaient adressés à François Gérard, premier peintre du roi et ancien élève de David. Gérard représente le dévouement de Monseigneur de Belsunce auprès des pestiférés.
Huile sur toile.
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Monseigneur de Belsunce pendant la peste de Marseille. François, Baron Gérard. Rome, 1770 - Paris, 1837.
Alors que les images de Belsunce sont généralement associées au Cours qui porte aujourd’hui son nom, le peintre le représente devant l’Hôtel de Ville. Au premier plan, une mère éplorée désigne du doigt l’évêque, debout à droite, baigné de lumière, conformément au souhait des intendants qui avaient précisé au peintre que la lumière réelle, dans la salle, viendrait de la droite. Le pestiféré est un hommage à celui du tableau de David. Le tableau ne sera livré qu’en 1836. En compensation ; de ce retard et parce que sa toile devait servir de pendant à celle de son maître David, le baron Gérard offrit sa toile à l’Intendance. Ce tableau eut immédiatement un succès considérable auprès du public.
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Le Choléra à bord de la Melpomène.
Huile sur toile. Horace Vernet. Paris, 1789 – 1863. En 1833, les intendants de santé commandent pour la salle du conseil un quatrième tableau à sujet « pris dans l’histoire des contagions ». Ils s’adressent, une fois de plus, à un peintre de premier plan : Horace Vernet, directeur de l'Académie de France à Rome.
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Le Choléra à bord de la Melpomène.
Contrairement à ses prédécesseurs, celui-ci ne représente pas la peste de 1720 mais un sujet contemporain : l’épidémie de choléra à bord de la frégate de la Melpomène. Sa mise en quarantaine à son arrivée dans le port de Toulon en juillet 1833 avait stoppé la contagion. Au premier plan, un matelot hisse un corps enveloppé d'un linceul, en détournant la tête pour éviter de respirer les miasmes, que l’on chasse avec des herbes brûlant dans une cassolette. Derrière lui, un officier enregistre le décès sur le journal de bord, tandis qu’un autre homme agonise à droite, sur une civière. Au fond, un jeune mousse est examiné par le chirurgien-major, sous les yeux du commandant.
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Le Chevalier Roze faisant inhumer les pestiférés.
Huile sur toile. Paul Guerin. Toulon, 1783 – Paris, 1886. Le tableau est commandé en 1826 à Paulin Guérin pour la salle du conseil de l'Intendance sanitaire sur le port. Formé à Marseille auprès d'Aubert, puis à Paris dans l'atelier de Vincent et de Gérard, Guérin expose au Salon de 1810 et poursuit une carrière officielle sous les régimes successifs.
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Le Chevalier Roze faisant inhumer les pestiférés.
Un siècle après les évènements, l'épisode de la Tourette est rentré dans la légende. Le tableau de Guérin exalte l’héroïsme du Chevalier. Reprenant une tradition rapportée par les contemporains, le peintre représente Roze donnant l’exemple en portant lui- même le corps d'une pestiférée pour encourager les forçats qui reculaient devant l’horreur de la tâche L’œuvre se souvient du tableau de David commandé un demi-siècle plus tôt, mais peut-être aussi de l'art de Géricault, avec l'accumulation des corps sur lesquels des taches jaunes évoquent les chairs en voie de décomposition.
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La Peste de 1720 - Le Courage civil.
Huile sur toile. Antoine-Dominique Magaud. Marseille 1817 - Marseille, 1899. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Dominique Magaud s’impose à Marseille, comme le spécialiste des grands décors peints : il réalise ceux des grands cafés de la Canebière, de la Préfecture, de la Bourse et de l’école des Beaux-Arts, dont il deviendra le directeur en 1869.
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La Peste de 1720 - Le Courage civil.
Ce tableau provient d’un cycle de quinze grandes toiles peintes par Magaud de 1856 à 1866 pour la grande salle de réunion du Cercle religieux aujourd'hui détruit. Le thème général de cet ensemble était le rôle civilisateur du catholicisme. Parmi les sujets retenus figurait celui de la peste de 1720 qui illustrait le courage civil. Le Chevalier Roze présente aux échevins de la ville, reconnaissables à leur costume rouge, l'opération d'évacuation des corps abandonnés sur l’esplanade de la Tourette. A ses côtés, figure dans son costume gris, Chartes Claude Andrault de Langeron, major des galères, nommé commandant en chef de la ville par le Régent. De manière exceptionnelle sont réunis dans une même image les protagonistes de la lutte contre l’épidémie, dont les deux plus fameux, le Chevalier Roze et Monseigneur de Belsunce, qu’on aperçoit à l’arrière-plan portant secours aux malades.
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Monseigneur de Belsunce et les pestiférés à Marseille.
Huile sur toile. Eugène Isabey. Paris, 1803 - Montévrain. 1886.
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Monseigneur de Belsunce et les pestiférés à Marseille.
Le tableau d'Eugène Isabey se distingue des représentations habituelles de Monseigneur de Belsunce, fidèles au type diffusé par les portraits exécutés de son vivant. La vision du peintre est ici dénuée de toute référence locale marseillaise. Elle montre le prélat sortant d'une église gothique au porche orné d’une crucifixion peinte et sculptée, allant porter la communion aux marseillais. Sans aucun souci de réalisme, son atmosphère fantaisiste médiévale, sa touche enlevée, inscrit de façon originale cette image de l’évêque dans l’héritage du romantisme.
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