Mucem : Exposition Abd el-Kader.

<center>L’empire ottoman en 1807.</center>Au 19e siècle, France et Grande-Bretagne s’affrontent en Méditerranée. La Révolution américaine est venue bouleverser les relations avec le Nouveau Monde, reportant les appétits de maîtrise des mers, de flux commerciaux et de nouveaux territoires à coloniser sur l’Afrique du Nord et le Proche-Orient.
L’empire ottoman, confronté en son sein aux nouvelles aspirations de liberté, de progrès et d’indépendance, voit son autorité faiblir et ses marges se réduire progressivement face aux ambitions occidentales.
L’empire ottoman en 1807.
Au 19e siècle, France et Grande-Bretagne s’affrontent en Méditerranée. La Révolution américaine est venue bouleverser les relations avec le Nouveau Monde, reportant les appétits de maîtrise des mers, de flux commerciaux et de nouveaux territoires à coloniser sur l’Afrique du Nord et le Proche-Orient. L’empire ottoman, confronté en son sein aux nouvelles aspirations de liberté, de progrès et d’indépendance, voit son autorité faiblir et ses marges se réduire progressivement face aux ambitions occidentales.
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<center>Selle d’apparat dite du dey d’Alger.</center>Algérie, 1800-1830 Cuir, bois, velours.. Selon la tradition, cette selle d’apparat et ce sabre ottoman font partie des objets de pouvoir remis par le dey Hussein au comte de Bourmont, général en chef de l’armée française, lors de la prise de la ville d’Alger en juillet 1830. Après la chute de la régence ottomane, et tandis qu’en France
Selle d’apparat dite du dey d’Alger.
Algérie, 1800-1830 Cuir, bois, velours.. Selon la tradition, cette selle d’apparat et ce sabre ottoman font partie des objets de pouvoir remis par le dey Hussein au comte de Bourmont, général en chef de l’armée française, lors de la prise de la ville d’Alger en juillet 1830. Après la chute de la régence ottomane, et tandis qu’en France
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<center>Sabre ottoman, Quilidj.</center>Algérie.
Début du 19e siècle Acier, vermeil, corne, velours.
Selon la tradition, cette selle d’apparat et ce sabre ottoman font partie des objets de pouvoir remis par le dey Hussein au comte de Bourmont, général en chef de l’armée française, lors de la prise de la ville d’Alger en juillet 1830. Après la chute de la régence ottomane, et tandis qu’en France
Sabre ottoman, Quilidj.
Algérie. Début du 19e siècle Acier, vermeil, corne, velours. Selon la tradition, cette selle d’apparat et ce sabre ottoman font partie des objets de pouvoir remis par le dey Hussein au comte de Bourmont, général en chef de l’armée française, lors de la prise de la ville d’Alger en juillet 1830. Après la chute de la régence ottomane, et tandis qu’en France
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<center>Abd el-Kader, entre Orient et Occident.</center>Au 19e siècle, l’Europe connaît un renouvellement politique sans précédent à la suite de la Révolution française. Deux puissances à visée impériale, la France et la Grande-Bretagne, se font face en Méditerranée, pour certains «lit nuptial entre l’Occident et l’Orient». Deux événements majeurs ont marqué le siècle: la campagne d’Égypte menée par le général Bonaparte en 1798, à laquelle la suprématie de la flotte anglaise a porté un coup d’arrêt et l’ouverture du canal de Suez en 1869.
Abd el-Kader Ibn Muhyî ed-Dîn naît en 1808 au sud d'Oran, tandis que le capitaine Boutin mène pour Napoléon une reconnaissance secrète des abords d’Alger qui servira quelques années plus tard à la conquête coloniale, et meurt en 1883, peu après la jonction entre Méditerranée et mer Rouge. L’émir a connu un destin exceptionnel. Chef combattant puis captif exilé, érudit et mystique soufi, il fut en prise avec les plus grands
Abd el-Kader, entre Orient et Occident.
Au 19e siècle, l’Europe connaît un renouvellement politique sans précédent à la suite de la Révolution française. Deux puissances à visée impériale, la France et la Grande-Bretagne, se font face en Méditerranée, pour certains «lit nuptial entre l’Occident et l’Orient». Deux événements majeurs ont marqué le siècle: la campagne d’Égypte menée par le général Bonaparte en 1798, à laquelle la suprématie de la flotte anglaise a porté un coup d’arrêt et l’ouverture du canal de Suez en 1869. Abd el-Kader Ibn Muhyî ed-Dîn naît en 1808 au sud d'Oran, tandis que le capitaine Boutin mène pour Napoléon une reconnaissance secrète des abords d’Alger qui servira quelques années plus tard à la conquête coloniale, et meurt en 1883, peu après la jonction entre Méditerranée et mer Rouge. L’émir a connu un destin exceptionnel. Chef combattant puis captif exilé, érudit et mystique soufi, il fut en prise avec les plus grands
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<center>Toug algérien pris à Alger en juillet 1830.</center>Algérie, 1800-1825 Bois, argent, crin, toile.
Paris, musée de l’Armée.
Le toug est un emblème traditionnel ottoman, composé à l’origine d’une demi-pique surmontée d’une ou de plusieurs queues de cheval dont le nombre indique le rang du détenteur. Celui-ci, pris à Alger en juillet 1830, appartenait au commandement de la cavalerie turque. Certaines unités de l’armée française créées en Afrique, comme les spahis, ont intégré cet objet symbolique dans leur uniforme.
Toug algérien pris à Alger en juillet 1830.
Algérie, 1800-1825 Bois, argent, crin, toile. Paris, musée de l’Armée. Le toug est un emblème traditionnel ottoman, composé à l’origine d’une demi-pique surmontée d’une ou de plusieurs queues de cheval dont le nombre indique le rang du détenteur. Celui-ci, pris à Alger en juillet 1830, appartenait au commandement de la cavalerie turque. Certaines unités de l’armée française créées en Afrique, comme les spahis, ont intégré cet objet symbolique dans leur uniforme.
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<center>Entre guerre et paix.</center>Né en 1808 à El Guettana, près de Mascara, dans la province d’Oran, Abd el-Kader est un jeune homme destiné à l’étude religieuse. Avec la prise d’Alger par les Français en 1830 et la chute de la régence turque, il devient en 1832, à la place de son père, le chef de la résistance dans l’Ouest algérien. Le jeune émir se révèle un stratège remarquable, qui sait aussi négocier la paix. Avec le traité de la Tafna en 1837, il obtient un vaste territoire et organise les bases d’un premier État et d'une armée régulière, bat monnaie, collecte l’impôt et noue des relations diplomatiques. À partir de 1839, la guerre s’intensifie: l’armée française d’Afrique bénéficie de renforts et pratique la politique de la terre brûlée pour affamer les populations. En 1843, la prise de la Smala, capitale mobile de l’émir, affermit la supériorité française. Abd el-Kader se replie au Maroc, mais les attaques redoublées de la France contre le royaume chérifien le privent de cet appui. Il ne peut soutenir longtemps les efforts de guerre consentis par la France. Fin 1847, il décide de déposer les armes, à la condition de pouvoir émigrer en terre d’Islam.
Entre guerre et paix.
Né en 1808 à El Guettana, près de Mascara, dans la province d’Oran, Abd el-Kader est un jeune homme destiné à l’étude religieuse. Avec la prise d’Alger par les Français en 1830 et la chute de la régence turque, il devient en 1832, à la place de son père, le chef de la résistance dans l’Ouest algérien. Le jeune émir se révèle un stratège remarquable, qui sait aussi négocier la paix. Avec le traité de la Tafna en 1837, il obtient un vaste territoire et organise les bases d’un premier État et d'une armée régulière, bat monnaie, collecte l’impôt et noue des relations diplomatiques. À partir de 1839, la guerre s’intensifie: l’armée française d’Afrique bénéficie de renforts et pratique la politique de la terre brûlée pour affamer les populations. En 1843, la prise de la Smala, capitale mobile de l’émir, affermit la supériorité française. Abd el-Kader se replie au Maroc, mais les attaques redoublées de la France contre le royaume chérifien le privent de cet appui. Il ne peut soutenir longtemps les efforts de guerre consentis par la France. Fin 1847, il décide de déposer les armes, à la condition de pouvoir émigrer en terre d’Islam.
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<center>L’éducation d’un prince.</center>Muhyî ed-Dîn, représentant influent et respecté de la Qaddyriya, une confrérie soufie, et Lalla Zohra, son épouse, sont tous deux lettrés et d’ascendance chérifienne.
Ils donnent à leur fils Abd el-Kader l’éducation d’un jeune noble pieux : études coraniques et philosophie grecque, équitation et maniement des armes. Entre 1826 et 1828, un pèlerinage précoce à La Mecque et jusqu’à Bagdad est l’occasion pour lui d’accomplir un grand voyage en Orient. Il découvre ainsi que certains pays, sous vassalité turque, sont en réalité très autonomes comme la régence de Tunis et l’Égypte, alors en pleine modernisation sous le règne de Méhémet Ali, «cet homme de génie, [...] qui est à Napoléon ce que le tigre est au lion» (Victor Hugo, Les Orientales, 1829).
L’éducation d’un prince.
Muhyî ed-Dîn, représentant influent et respecté de la Qaddyriya, une confrérie soufie, et Lalla Zohra, son épouse, sont tous deux lettrés et d’ascendance chérifienne. Ils donnent à leur fils Abd el-Kader l’éducation d’un jeune noble pieux : études coraniques et philosophie grecque, équitation et maniement des armes. Entre 1826 et 1828, un pèlerinage précoce à La Mecque et jusqu’à Bagdad est l’occasion pour lui d’accomplir un grand voyage en Orient. Il découvre ainsi que certains pays, sous vassalité turque, sont en réalité très autonomes comme la régence de Tunis et l’Égypte, alors en pleine modernisation sous le règne de Méhémet Ali, «cet homme de génie, [...] qui est à Napoléon ce que le tigre est au lion» (Victor Hugo, Les Orientales, 1829).
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<center>Colysée à Oran. </center>Extraits de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paris, 1843. Lithographies.
Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée. Après avoir reçu des enseignements dans la zawiya familiale (centre religieux d’une confrérie musulmane), Abd el-Kader est envoyé à Oran, principale ville de la province ottomane. Il y acquiert une instruction supérieure, où l’on peut noter, entre autres, la lecture des grands philosophes grecs.
Colysée à Oran.
Extraits de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paris, 1843. Lithographies. Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée. Après avoir reçu des enseignements dans la zawiya familiale (centre religieux d’une confrérie musulmane), Abd el-Kader est envoyé à Oran, principale ville de la province ottomane. Il y acquiert une instruction supérieure, où l’on peut noter, entre autres, la lecture des grands philosophes grecs.
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<center>Palais du Bey d’Oran. </center>Extraits de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paris, 1843. Lithographies.
Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée. Ces images de la ville, légèrement postérieures, font partie de la première mise en récit française de l’histoire de l’Algérie, publiée en 1843.
Palais du Bey d’Oran.
Extraits de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paris, 1843. Lithographies. Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée. Ces images de la ville, légèrement postérieures, font partie de la première mise en récit française de l’histoire de l’Algérie, publiée en 1843.
9
<center>Méhémet-Ali, vice-roi d'Égypte. </center>Louis Charles Auguste Couder (1789-1873).
 Huile sur toile.
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Envoyé par l’empire ottoman pour combattre Bonaparte, Méhémet Ali s’empare du pouvoir en Égypte en 1805. Il en devient le vice-roi héréditaire et despotique, et développe le premier programme de modernisation du pays, le dotant d’une armée régulière et réformant tous les secteurs économiques. Il n’est pas sûr qu’Abd el-Kader l’ait rencontré mais il a pu s’en inspirer.
Méhémet-Ali, vice-roi d'Égypte.
Louis Charles Auguste Couder (1789-1873). Huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Envoyé par l’empire ottoman pour combattre Bonaparte, Méhémet Ali s’empare du pouvoir en Égypte en 1805. Il en devient le vice-roi héréditaire et despotique, et développe le premier programme de modernisation du pays, le dotant d’une armée régulière et réformant tous les secteurs économiques. Il n’est pas sûr qu’Abd el-Kader l’ait rencontré mais il a pu s’en inspirer.
10
<center>Abd el-Kader.</center>Marie Éléonore Godefroid (1778-1849).
Entre 1843 et 1844. Huile sur toile.
Paris, musée de l’Armée, dépôt du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Ce tableau reprend avec précision les descriptions vestimentaires connues d’Abd el-Kader, notamment le haïk blanc fixé par une petite corde en poil de chameau et le burnous blanc recouvert d’un burnous brun, mais aussi le léger tatouage entre les yeux. Sans l’avoir jamais rencontré, Marie Éléonore Godefroid, portraitiste très appréciée, réussit une
Abd el-Kader.
Marie Éléonore Godefroid (1778-1849). Entre 1843 et 1844. Huile sur toile. Paris, musée de l’Armée, dépôt du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Ce tableau reprend avec précision les descriptions vestimentaires connues d’Abd el-Kader, notamment le haïk blanc fixé par une petite corde en poil de chameau et le burnous blanc recouvert d’un burnous brun, mais aussi le léger tatouage entre les yeux. Sans l’avoir jamais rencontré, Marie Éléonore Godefroid, portraitiste très appréciée, réussit une
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<center>Deux chéchias ayant appartenu à l’émir d’Abd el-Kader.<br> Sacoche de selle (dejbidah) dite d’Abd el-Kader
</center>Dans l’éducation du jeune homme, l’entraînement physique tient une bonne place, notamment l’équitation. Cavalier exemplaire, Abd el-Kader aura à cœur, devenu émir, de s’entourer d’une cavalerie remarquable. Cette sacoche était conservée jusqu’à récemment dans la plaine d’Eghriss, près de son foyer natal. Les broderies de fleurs et d’arabesques sur le rabat extérieur figurent au centre du sceau de l’émir.
Deux chéchias ayant appartenu à l’émir d’Abd el-Kader.
Sacoche de selle (dejbidah) dite d’Abd el-Kader
Dans l’éducation du jeune homme, l’entraînement physique tient une bonne place, notamment l’équitation. Cavalier exemplaire, Abd el-Kader aura à cœur, devenu émir, de s’entourer d’une cavalerie remarquable. Cette sacoche était conservée jusqu’à récemment dans la plaine d’Eghriss, près de son foyer natal. Les broderies de fleurs et d’arabesques sur le rabat extérieur figurent au centre du sceau de l’émir.
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<center>Silsila ou chaîne initiatique da la confrérie soufie Qaddyriya.</center>Mohammad Rachid ibn Mohammad Bekri.
Alep, Syrie, 1909. Genève, Suisse, fondation Adlania, cheikh Khaled Bentounes
Rouleau manuscrit, étui en argent.
Une chaîne initiatique ou silsila est une suite de noms de maîtres spirituels qui, liés entre eux tels des maillons, permet pour chaque confrérie soufie d'établir une relation mystique jusqu'au prophète Muhammad. Ces guides jouent un rôle essentiel pour le disciple. L'un des plus prestigieux maîtres de la confrérie Qaddyriya est le cheikh Abd al Qadir al-Jilani, qui enseigna à Bagdad au 11e siècle.
Silsila ou chaîne initiatique da la confrérie soufie Qaddyriya.
Mohammad Rachid ibn Mohammad Bekri. Alep, Syrie, 1909. Genève, Suisse, fondation Adlania, cheikh Khaled Bentounes Rouleau manuscrit, étui en argent. Une chaîne initiatique ou silsila est une suite de noms de maîtres spirituels qui, liés entre eux tels des maillons, permet pour chaque confrérie soufie d'établir une relation mystique jusqu'au prophète Muhammad. Ces guides jouent un rôle essentiel pour le disciple. L'un des plus prestigieux maîtres de la confrérie Qaddyriya est le cheikh Abd al Qadir al-Jilani, qui enseigna à Bagdad au 11e siècle.
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<center>Départ de l’Expédition pour Mascara, le 26 novembre 1835.</center>Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861). 1838. Aquarelle gouachée.
Départ de l’Expédition pour Mascara, le 26 novembre 1835.
Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861). 1838. Aquarelle gouachée.
14
<center>L’Armée arrive à Mascara, le 6 décembre 1835.</center>Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861). 1838. Aquarelle gouachée.
L’Armée arrive à Mascara, le 6 décembre 1835.
Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861). 1838. Aquarelle gouachée.
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<center>Pistolets à silex, prise probable de la Smala.</center>Vignat (fabricant).
1775-1800.
Métal, argent, textile, cuir.
Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée Métropole.
Pistolets à silex, prise probable de la Smala.
Vignat (fabricant). 1775-1800. Métal, argent, textile, cuir. Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée Métropole.
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<center>Poire à poudre.</center>Prise probable de la Smala
Afrique septentrionale, 1801-1840 Bois d’olivier. Paris, musée de l’Armée.
Poire à poudre.
Prise probable de la Smala Afrique septentrionale, 1801-1840 Bois d’olivier. Paris, musée de l’Armée.
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<center>Toug algérien.</center>Algérie, 1800-1830. Bois, argent, laiton. Paris, musée de l’Armée.
Toug algérien.
Algérie, 1800-1830. Bois, argent, laiton. Paris, musée de l’Armée.
18
<center>Yatagan ottoman. Poignard persan ou jambya.</center>Yatagan : prise probable de la Smala. Empire ottoman, fin du 18e siècle.
Acier, boit, argent.
Paris, musée de l’Armée, don du duc d’Aumale.<br> Poignard persan : Iran et empire ottoman, 18e et 19e siècles. Acier, laiton, bois, pierreries, tissus divers.
Paris, musée de l’Armée. <br>De nombreux objets sont réputés avoir appartenu à l'émir Abd el-Kader pour rehausser leur valeur. Les recherches récentes montrent que la plupart sont en réalité liés à son armée ou à son entourage. L'histoire de ces objets repose sur la tradition orale familiale des donateurs, souvent descendants des officiers de l'armée d'Afrique. Parmi ces armes, le yatagan ottoman, le poignard persan et la poire à poudre proviennent vraisemblablement de Taguine, lieu de la prise de la Smala; le toug, lui, n'est pas à ce jour documenté.
Yatagan ottoman. Poignard persan ou jambya.
Yatagan : prise probable de la Smala. Empire ottoman, fin du 18e siècle. Acier, boit, argent. Paris, musée de l’Armée, don du duc d’Aumale.
Poignard persan : Iran et empire ottoman, 18e et 19e siècles. Acier, laiton, bois, pierreries, tissus divers. Paris, musée de l’Armée.
De nombreux objets sont réputés avoir appartenu à l'émir Abd el-Kader pour rehausser leur valeur. Les recherches récentes montrent que la plupart sont en réalité liés à son armée ou à son entourage. L'histoire de ces objets repose sur la tradition orale familiale des donateurs, souvent descendants des officiers de l'armée d'Afrique. Parmi ces armes, le yatagan ottoman, le poignard persan et la poire à poudre proviennent vraisemblablement de Taguine, lieu de la prise de la Smala; le toug, lui, n'est pas à ce jour documenté.
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<center>Plan de la Smala.</center>Extrait de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paria, 1843. Fac-similé d’exposition. Extrait de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paria, 1843. Fac-similé d’exposition.
Plan de la Smala.
Extrait de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paria, 1843. Fac-similé d’exposition. Extrait de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger Paria, 1843. Fac-similé d’exposition.
20
<center>Algérie dressée d’après les documents les plus nouveaux.</center>A. Ruppert Skydamm, Théodore Doornick.
Paris, 1840.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et Plans.
Cette carte de 1840 indique la « partie de l’Algérie administrée par Abd el-Kader suivant le traité de la Tafna» d’une fine ligne en pointillé qui passe à l’ouest de Tlemcen et à l’est d’Alger et exclut les ports. Son tracé relève également, au sud de Dellys, une route qui, étant empruntée par l’armée française, conduite par le duc d’Orléans amena à la reprise des hostilités.
Algérie dressée d’après les documents les plus nouveaux.
A. Ruppert Skydamm, Théodore Doornick. Paris, 1840. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et Plans. Cette carte de 1840 indique la « partie de l’Algérie administrée par Abd el-Kader suivant le traité de la Tafna» d’une fine ligne en pointillé qui passe à l’ouest de Tlemcen et à l’est d’Alger et exclut les ports. Son tracé relève également, au sud de Dellys, une route qui, étant empruntée par l’armée française, conduite par le duc d’Orléans amena à la reprise des hostilités.
21
<center>Fusil de l'émir Abd el-Kader donné à la France par ses descendants. </center>Lazari Cominaz (fabricant).
19e siècle.
Bois, métal, pierreries.
Fusil de l'émir Abd el-Kader donné à la France par ses descendants.
Lazari Cominaz (fabricant). 19e siècle. Bois, métal, pierreries.
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<center>Fusil de l'émir Abd el-Kader donné à la France par ses descendants. </center>Lazari Cominaz (fabricant).
19e siècle.
Bois, métal, pierreries.
Fusil de l'émir Abd el-Kader donné à la France par ses descendants.
Lazari Cominaz (fabricant). 19e siècle. Bois, métal, pierreries.
23
<center>L’avènement d’un émir.</center>La chute de la régence d’Alger provoque la désorganisation des régions à l’ouest,
La famille d’Abd el-Kader propose un jihâd contre les envahisseurs chrétiens, soutenus à Oran par les agents du pouvoir turc. Fin 1832, les chefs des tribus de la région de Mascara viennent prêter allégeance à Muhyî ed-Dîn qui, avant de mourir en 1833, désigne son fils Abd el-Kader, âgé de 25 ans, pour lui succéder.
Le jeune émir s’impose vite comme chef de guerre, entraîneur et rassembleur d’hommes, grâce à sa bravoure et sa remarquable éloquence. En 1839, il tient sous son commandement les parties centrale et occidentale de l’Algérie, sans toutefois parvenir à l’étendre aux zones côtières et à l’est du pays.
L’avènement d’un émir.
La chute de la régence d’Alger provoque la désorganisation des régions à l’ouest, La famille d’Abd el-Kader propose un jihâd contre les envahisseurs chrétiens, soutenus à Oran par les agents du pouvoir turc. Fin 1832, les chefs des tribus de la région de Mascara viennent prêter allégeance à Muhyî ed-Dîn qui, avant de mourir en 1833, désigne son fils Abd el-Kader, âgé de 25 ans, pour lui succéder. Le jeune émir s’impose vite comme chef de guerre, entraîneur et rassembleur d’hommes, grâce à sa bravoure et sa remarquable éloquence. En 1839, il tient sous son commandement les parties centrale et occidentale de l’Algérie, sans toutefois parvenir à l’étendre aux zones côtières et à l’est du pays.
24
<center>Abdallah, hadjoute (Province d’Alger) et Si Hamar, marabout des Douairs d’Oran.</center>Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847. Gouache sur papier. Dès 1833, plusieurs savants et militaires préparent une expédition scientifique semblable à celle d’Égypte, afin de dresser une description générale des territoires conquis de l’Algérie. La campagne a lieu en 1841, et Louis Anselme Longa est choisi pour représenter l’ensemble des «types» algériens, selon la terminologie de l’époque. Il ramène de son séjour une galerie impressionnante de portraits, dressée majoritairement dans les populations ralliées au camp français.
Abdallah, hadjoute (Province d’Alger) et Si Hamar, marabout des Douairs d’Oran.
Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847. Gouache sur papier. Dès 1833, plusieurs savants et militaires préparent une expédition scientifique semblable à celle d’Égypte, afin de dresser une description générale des territoires conquis de l’Algérie. La campagne a lieu en 1841, et Louis Anselme Longa est choisi pour représenter l’ensemble des «types» algériens, selon la terminologie de l’époque. Il ramène de son séjour une galerie impressionnante de portraits, dressée majoritairement dans les populations ralliées au camp français.
25
<center>Abdallah, hadjoute (Province d’Alger) et Si Hamar, marabout des Douairs d’Oran.</center>Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847 Gouache sur papier.
Abdallah, hadjoute (Province d’Alger) et Si Hamar, marabout des Douairs d’Oran.
Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847 Gouache sur papier.
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<center>Arabe du Sahara, Gazouel chef de la corporation des Beni-Morale d’Alger, natif d’Ain Mahdi</center>Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847 Gouache sur papier.
Arabe du Sahara, Gazouel chef de la corporation des Beni-Morale d’Alger, natif d’Ain Mahdi
Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847 Gouache sur papier.
27
<center>Saïd, Arabe de la tribu des Ouled-Sméla.</center>Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847 Gouache sur papier.
Saïd, Arabe de la tribu des Ouled-Sméla.
Louis Anselme Longa (1809-1869). 1840-1847 Gouache sur papier.
28
<center>Ali Ben Ahmed, calife de Constantine, et son escorte devant la ville.</center>Théodore Chassériau (1819-1856).

1845.
Huile sur toile.
Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
En 1836, la ville de Constantine, perchée sur un plateau rocheux, réussit à infliger une défaite cuisante à l’armée française, avant de se soumettre en 1837. Lorsque Ali ben Ahmed, ancien dignitaire de Constantine, vient à Paris en 1844, Théodore Chassériau, grand admirateur d’Eugène Delacroix, réalise un portrait équestre magistral, celui d’un chef arabe avec sa suite, fier et le regard droit, dont seule la petite croix de la Légion d’honneur rappelle la reddition.
Ali Ben Ahmed, calife de Constantine, et son escorte devant la ville.
Théodore Chassériau (1819-1856). 1845. Huile sur toile. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. En 1836, la ville de Constantine, perchée sur un plateau rocheux, réussit à infliger une défaite cuisante à l’armée française, avant de se soumettre en 1837. Lorsque Ali ben Ahmed, ancien dignitaire de Constantine, vient à Paris en 1844, Théodore Chassériau, grand admirateur d’Eugène Delacroix, réalise un portrait équestre magistral, celui d’un chef arabe avec sa suite, fier et le regard droit, dont seule la petite croix de la Légion d’honneur rappelle la reddition.
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<center>Le Passage des Bibans ou Le Passage des Portes de Fer.</center>Adrien Dauzats (1804-1868)
1853. Huile sur toile. Lille, Palais des Beaux-Arts.
En 1839, le maréchal Valée fait franchir à l'armée française le défilé des Portes de Fer ; le peintre Adrien Dauzats offre ici une image spectaculaire du lieu. Par cet acte hostile, les accords de 1837, par lesquels l’émir faisait entériner son autorité sur une grande partie de l’Algérie de l’ouest et du centre, sont rompus. Les combats reprennent, et la guerre devient féroce : le général Bugeaud obtient une année forte de 100 000 hommes et fait détruire les  ressources vivrières par la politique de la terre brûlée.
Le Passage des Bibans ou Le Passage des Portes de Fer.
Adrien Dauzats (1804-1868) 1853. Huile sur toile. Lille, Palais des Beaux-Arts. En 1839, le maréchal Valée fait franchir à l'armée française le défilé des Portes de Fer ; le peintre Adrien Dauzats offre ici une image spectaculaire du lieu. Par cet acte hostile, les accords de 1837, par lesquels l’émir faisait entériner son autorité sur une grande partie de l’Algérie de l’ouest et du centre, sont rompus. Les combats reprennent, et la guerre devient féroce : le général Bugeaud obtient une année forte de 100 000 hommes et fait détruire les ressources vivrières par la politique de la terre brûlée.
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<center>Vue générale de la smalah d’Abd-el-Kader.</center>Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861)
Vue générale de la smalah d’Abd-el-Kader, attaquée à Taguin par le duc d’Aumale, le 16 mai 1843 1847.
Huile sur toile.
Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Vue générale de la smalah d’Abd-el-Kader.
Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861) Vue générale de la smalah d’Abd-el-Kader, attaquée à Taguin par le duc d’Aumale, le 16 mai 1843 1847. Huile sur toile. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
31
<center>La prise de la Smala.</center>En 1841, le général Bugeaud devient le gouverneur d’Algérie, obtient des renforts militaires inédits et radicalise la guerre.
Il fait tomber systématiquement les places fortes de l’émir, dont Tagdempt et Mascara, et détruit son village natal.
Abd el-Kader imagine alors la Smala, une capitale mobile, constituée de tentes, abritant environ 50 000 habitants. Mais, en mai 1843, elle est découverte par les troupes du duc d’Aumale. Sa mise à sac provoque des destructions irréparables et la prise d’un butin considérable, facilitées par l’absence de l’émir et d’une grande partie de son armée. Transformant cette victoire en véritable triomphe, la France justifie les moyens investis dans la conquête. Bien qu’affaibli, Abd el-Kader poursuit la lutte encore quatre ans, tandis que de nouvelles résistances se forgent.
La prise de la Smala.
En 1841, le général Bugeaud devient le gouverneur d’Algérie, obtient des renforts militaires inédits et radicalise la guerre. Il fait tomber systématiquement les places fortes de l’émir, dont Tagdempt et Mascara, et détruit son village natal. Abd el-Kader imagine alors la Smala, une capitale mobile, constituée de tentes, abritant environ 50 000 habitants. Mais, en mai 1843, elle est découverte par les troupes du duc d’Aumale. Sa mise à sac provoque des destructions irréparables et la prise d’un butin considérable, facilitées par l’absence de l’émir et d’une grande partie de son armée. Transformant cette victoire en véritable triomphe, la France justifie les moyens investis dans la conquête. Bien qu’affaibli, Abd el-Kader poursuit la lutte encore quatre ans, tandis que de nouvelles résistances se forgent.
32
<center>La prise de la Smala de Horace Vernet.</center>Le tableau est, par ses dimensions hors du commun (21,39 m de large et de 4,89 m de haut) considéré comme le plus grand tableau du XIXe siècle. Le tableau est commandé par Louis-Philippe Ier juste après les faits qu'il doit glorifier et est réalisé en moins de deux ans par Horace Vernet (sans doute aidé par des élèves). Tableau de propagande, il met en valeur le fils de Louis-Philippe, le duc d'Aumale, et monte en épingle une bataille moins cruciale qu'elle n'y paraît.
La prise de la Smala de Horace Vernet.
Le tableau est, par ses dimensions hors du commun (21,39 m de large et de 4,89 m de haut) considéré comme le plus grand tableau du XIXe siècle. Le tableau est commandé par Louis-Philippe Ier juste après les faits qu'il doit glorifier et est réalisé en moins de deux ans par Horace Vernet (sans doute aidé par des élèves). Tableau de propagande, il met en valeur le fils de Louis-Philippe, le duc d'Aumale, et monte en épingle une bataille moins cruciale qu'elle n'y paraît.
33
<center>Cachet du maréchal Bugeaud en langue arabe.</center>1825-1850 Bois, laiton.
Paris, musée de l’Armée.
Cachet du maréchal Bugeaud en langue arabe.
1825-1850 Bois, laiton. Paris, musée de l’Armée.
34
<center>Vue générale de la bataille d’Isly, 14 août 1844.</center>Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861).
1847.
Huile sur toile.
La famille d’Abd el-Kader possède de longue date des soutiens solides au Maroc, notamment les oulémas de Fès et le sultan du royaume qui accueille l’émir après la prise de la Smala. Cependant l'armée française n’hésite pas à l’y poursuivre et inflige une lourde défaite à la cavalerie marocaine, menée par le propre fils du sultan, à la bataille d’Isly, en 1844. Le roi du Maroc doit alors renoncer à soutenir Abd el-Kader.
Vue générale de la bataille d’Isly, 14 août 1844.
Jean Antoine Siméon Fort (1793-1861). 1847. Huile sur toile. La famille d’Abd el-Kader possède de longue date des soutiens solides au Maroc, notamment les oulémas de Fès et le sultan du royaume qui accueille l’émir après la prise de la Smala. Cependant l'armée française n’hésite pas à l’y poursuivre et inflige une lourde défaite à la cavalerie marocaine, menée par le propre fils du sultan, à la bataille d’Isly, en 1844. Le roi du Maroc doit alors renoncer à soutenir Abd el-Kader.
35
<center>Tente du chef de l'armée marocaine.</center>Karl Girardet (1813-1871).
Tente du chef de l'armée marocaine (Sidi-Mohammed ben Abd-el-Rahman, fils de l'empereur du Maroc), prise à la bataille de l'Isly, le 14 août 1844, et exposée au jardin des Tuileries
1845.
Huile sur toile.
Paris, musée Carnavalet -Histoire de Paris.
Alors que Jean Antoine Siméon Fort imagine une spectaculaire vue aérienne des forces en présence pour représenter la bataille d’Isly,
Karl Girardet, peintre d’origine suisse, en donne une version plus parisienne : celle de l’exposition, dans le jardin des Tuileries, de la tente du fils du sultan du Maroc ramenée en trophée de guerre, et que le public put visiter pendant plusieurs semaines.
Tente du chef de l'armée marocaine.
Karl Girardet (1813-1871). Tente du chef de l'armée marocaine (Sidi-Mohammed ben Abd-el-Rahman, fils de l'empereur du Maroc), prise à la bataille de l'Isly, le 14 août 1844, et exposée au jardin des Tuileries 1845. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet -Histoire de Paris. Alors que Jean Antoine Siméon Fort imagine une spectaculaire vue aérienne des forces en présence pour représenter la bataille d’Isly, Karl Girardet, peintre d’origine suisse, en donne une version plus parisienne : celle de l’exposition, dans le jardin des Tuileries, de la tente du fils du sultan du Maroc ramenée en trophée de guerre, et que le public put visiter pendant plusieurs semaines.
36
<center>Des résistances nombreuses.</center>Après la perte de la Smala, l'émir Abd el-Kader se replie chez son proche allié, le Maroc. Ce dernier subit alors une pression de plus en plus grande des Français, aboutissant à la bataille d'Isly en 1844, durant laquelle la cavalerie marocaine est défaite. Le sultan du Maroc finit par interdire son territoire à Abd el-Kader. Après quelques coups d'éclat et une trop longue errance, celui-ci décide de renoncer au combat en décembre 1847, à condition de pouvoir s'exiler au Proche-Orient. D'autres combattants luttent également pour préserver le nord et l'est algériens de la colonisation : le bey de Constantine qui a résisté jusqu'en 1837, le cheikh Boumaza dans le massif du Dahra et l'Ouarsenis entre 1845 et 1847, et les nombreux chefs kabyles, dont la célèbre Lalla Fatma N'Soumer, qui se battent jusqu'en 1857.
Des résistances nombreuses.
Après la perte de la Smala, l'émir Abd el-Kader se replie chez son proche allié, le Maroc. Ce dernier subit alors une pression de plus en plus grande des Français, aboutissant à la bataille d'Isly en 1844, durant laquelle la cavalerie marocaine est défaite. Le sultan du Maroc finit par interdire son territoire à Abd el-Kader. Après quelques coups d'éclat et une trop longue errance, celui-ci décide de renoncer au combat en décembre 1847, à condition de pouvoir s'exiler au Proche-Orient. D'autres combattants luttent également pour préserver le nord et l'est algériens de la colonisation : le bey de Constantine qui a résisté jusqu'en 1837, le cheikh Boumaza dans le massif du Dahra et l'Ouarsenis entre 1845 et 1847, et les nombreux chefs kabyles, dont la célèbre Lalla Fatma N'Soumer, qui se battent jusqu'en 1857.
37
<center>Portraits présumés du Chérif Boubaghla et de Lalla Fatma N’Soumer conduisant l’Armée révolutionnaire.</center>Félix Philippoteaux (1815-1884).
1866.
Huile sur toile.
Félix Philippoteaux est envoyé en Algérie en 1840 par le roi Louis-Philippe pour suivre les exploits militaires de ses fils. L’artiste en rapporte de nombreux dessins, dont celui d’une jeune combattante en armes, souvent prise pour Lalla Fatma N’Soumer, héroïne kabyle qui résista à l’armée française jusqu’en 1857. En 1866, le peintre en donne une nouvelle version dans une composition plus orientaliste.
Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée.
Portraits présumés du Chérif Boubaghla et de Lalla Fatma N’Soumer conduisant l’Armée révolutionnaire.
Félix Philippoteaux (1815-1884). 1866. Huile sur toile. Félix Philippoteaux est envoyé en Algérie en 1840 par le roi Louis-Philippe pour suivre les exploits militaires de ses fils. L’artiste en rapporte de nombreux dessins, dont celui d’une jeune combattante en armes, souvent prise pour Lalla Fatma N’Soumer, héroïne kabyle qui résista à l’armée française jusqu’en 1857. En 1866, le peintre en donne une nouvelle version dans une composition plus orientaliste. Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée.
38
<center>Chefs arabes.</center>Nicolas Gangel (éd.)
Metz, vers 1850.
Gravure sur bois de fil coloriée au pochoir.
Marseille, Mucem.
Chefs arabes.
Nicolas Gangel (éd.) Metz, vers 1850. Gravure sur bois de fil coloriée au pochoir. Marseille, Mucem.
39
<center>Nouvelle Infanterie régulière d’Abd-el-Kader.</center>Pellerin (éd.)
Epinal, vers 1840-1850.
Gravure sur bois de fil coloriée au pochoir
Nouvelle Infanterie régulière d’Abd-el-Kader.
Pellerin (éd.) Epinal, vers 1840-1850. Gravure sur bois de fil coloriée au pochoir
40
<center>Sabre de l’émir Abd el-Kader . <br> Chéchia du général Lamoricière.</center>Manceaux (armurier)
Sabre de l’émir Abd el-Kade.r 1825-1850.
Vermeil ciselé, métal repoussé, bois, textile.
Salon-de-Provence, Les musées de l’Empéri, de Salon et de la Crau, dépôt du musée de l’Armée
Depuis son entrée au musée, ce sabre de fabrication française, dont le riche décor pastiche le style ottoman, est présenté comme ayant été remis par Abd el-Kader en décembre 1847 au duc d’Aumale. Ce dernier l’aurait ensuite offert au général Lamoricière, auprès de la famille duquel il a été acquis. Respectant la tradition de la remise des armes du vaincu au vainqueur, Abd el-Kader a peut-être redonné un cadeau diplomatique que lui aurait offert la France quelques années auparavant, lors de la signature du traité de la Tafna.
<br>
Chéchia du général Lamoricière
19e siècle
Laine, passementerie
Salon-de-Provence, Les musées de l’Empéri, de Salon et de la Crau, dépôt du musée de l’Armée.
Sabre de l’émir Abd el-Kader .
Chéchia du général Lamoricière.
Manceaux (armurier) Sabre de l’émir Abd el-Kade.r 1825-1850. Vermeil ciselé, métal repoussé, bois, textile. Salon-de-Provence, Les musées de l’Empéri, de Salon et de la Crau, dépôt du musée de l’Armée Depuis son entrée au musée, ce sabre de fabrication française, dont le riche décor pastiche le style ottoman, est présenté comme ayant été remis par Abd el-Kader en décembre 1847 au duc d’Aumale. Ce dernier l’aurait ensuite offert au général Lamoricière, auprès de la famille duquel il a été acquis. Respectant la tradition de la remise des armes du vaincu au vainqueur, Abd el-Kader a peut-être redonné un cadeau diplomatique que lui aurait offert la France quelques années auparavant, lors de la signature du traité de la Tafna.
Chéchia du général Lamoricière 19e siècle Laine, passementerie Salon-de-Provence, Les musées de l’Empéri, de Salon et de la Crau, dépôt du musée de l’Armée.
41
<center>Embarquement d’Abd el-Kader à Bordeaux.</center>Stanislas Gorin (1824-1874).
Bordeaux, 1850. Huile sur toile.
Bordeaux, musée des Beaux-Arts.
L’artiste rappelle ici le passage d’Abd el-Kader par Bordeaux, en novembre 1848, lors de son transfert vers le château d’Amboise. Le moment choisi est celui de l’embarquement sur la corvette Le Caïman, pavoisée aux couleurs de la France.
La scène, qui se déroule sur les quais bordelais, est spectaculaire. Entre l’impressionnante procession d’Algériens en burnous blanc et les badauds, montés sur des barques pour se rapprocher, la figure de l’émir, au centre, capte tous les regards.
Embarquement d’Abd el-Kader à Bordeaux.
Stanislas Gorin (1824-1874). Bordeaux, 1850. Huile sur toile. Bordeaux, musée des Beaux-Arts. L’artiste rappelle ici le passage d’Abd el-Kader par Bordeaux, en novembre 1848, lors de son transfert vers le château d’Amboise. Le moment choisi est celui de l’embarquement sur la corvette Le Caïman, pavoisée aux couleurs de la France. La scène, qui se déroule sur les quais bordelais, est spectaculaire. Entre l’impressionnante procession d’Algériens en burnous blanc et les badauds, montés sur des barques pour se rapprocher, la figure de l’émir, au centre, capte tous les regards.
42
<center>L’illustre captif.</center>Le 29 décembre 1847, la frégate l’Asmodée accoste en rade de Toulon, avec, à son bord, Abd el-Kader, sa famille, ses compagnons d'armes et leurs serviteurs. Tous sont confiants. Cette escale doit permettre au gouvernement français d’entériner la promesse du duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe, à l’émir : lui et ses fidèles auront la vie sauve et bénéficieront d’un sauf-conduit pour le Proche-Orient. Une semaine plus tard, le transfert des Algériens aux forts Lamalgue et Malbousquet, prisons d’État, révèle qu’il n’en sera rien : une éprouvante période de cinq ans de captivité s’ouvre pour les exilés. D’abord transférés au château de Pau, puis à Amboise, l’émir et ses proches sont placées sous étroite surveillance… Cela ne les empêche pas de susciter la curiosité et la forte sympathie des Français. Les visiteurs se pressent aux portes des prisons successives. Désormais « mort pour le monde», Abd el-Kader étudie et correspond abondamment dans sa retraite forcée, sollicitant ses soutiens et n’aspirant plus qu’à sa libération.
L’illustre captif.
Le 29 décembre 1847, la frégate l’Asmodée accoste en rade de Toulon, avec, à son bord, Abd el-Kader, sa famille, ses compagnons d'armes et leurs serviteurs. Tous sont confiants. Cette escale doit permettre au gouvernement français d’entériner la promesse du duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe, à l’émir : lui et ses fidèles auront la vie sauve et bénéficieront d’un sauf-conduit pour le Proche-Orient. Une semaine plus tard, le transfert des Algériens aux forts Lamalgue et Malbousquet, prisons d’État, révèle qu’il n’en sera rien : une éprouvante période de cinq ans de captivité s’ouvre pour les exilés. D’abord transférés au château de Pau, puis à Amboise, l’émir et ses proches sont placées sous étroite surveillance… Cela ne les empêche pas de susciter la curiosité et la forte sympathie des Français. Les visiteurs se pressent aux portes des prisons successives. Désormais « mort pour le monde», Abd el-Kader étudie et correspond abondamment dans sa retraite forcée, sollicitant ses soutiens et n’aspirant plus qu’à sa libération.
43
<center>Un parjure français.</center>Le traité de paix signé par le général Lamoricière et ratifié par le duc d’Aumale, gouverneur général Algérie garantit à Abd el-Kader d’être transféré à Alexandrie ou à Saint-Jean-d'Acre après avoir rendu les armes. Mais, en France, on craint la menace incarnée par l’émir s’il devait être remis en liberté. Dans les journaux et au Parlement, les débats sont virulents et Louis-Philippe doit revenir sur la parole donnée par son fils. Choqué par ce parjure, l’émir proteste et défend sa bonne foi, sans succès. Pour contrecarrer toute tentative d'évasion, les Algériens sont transférés au château de Pau, puis à Amboise, où la vie s’organise dans des conditions difficiles.
Un parjure français.
Le traité de paix signé par le général Lamoricière et ratifié par le duc d’Aumale, gouverneur général Algérie garantit à Abd el-Kader d’être transféré à Alexandrie ou à Saint-Jean-d'Acre après avoir rendu les armes. Mais, en France, on craint la menace incarnée par l’émir s’il devait être remis en liberté. Dans les journaux et au Parlement, les débats sont virulents et Louis-Philippe doit revenir sur la parole donnée par son fils. Choqué par ce parjure, l’émir proteste et défend sa bonne foi, sans succès. Pour contrecarrer toute tentative d'évasion, les Algériens sont transférés au château de Pau, puis à Amboise, où la vie s’organise dans des conditions difficiles.
44
<center>Cour du château de Pau.</center>Pierre Justin Ouvrié (1806-1879).
1845.
L’arrivée des Algériens à Pau, fin avril 1848, est d’abord mal accueillie. Le maire et certains notables protestent à l’idée de livrer le château du roi Henri IV à cette «horde de sauvages». Mais le confort du château est loin d’être royal. Les appartements sont dépourvus de mobilier et les barreaux qui obstruent les ouvertures ajoutent à l’austérité des lieux.
Cour du château de Pau.
Pierre Justin Ouvrié (1806-1879). 1845. L’arrivée des Algériens à Pau, fin avril 1848, est d’abord mal accueillie. Le maire et certains notables protestent à l’idée de livrer le château du roi Henri IV à cette «horde de sauvages». Mais le confort du château est loin d’être royal. Les appartements sont dépourvus de mobilier et les barreaux qui obstruent les ouvertures ajoutent à l’austérité des lieux.
45
<center>Prisonniers musulmans à l’île Sainte-Marguerite.</center>Ernest Buttura (1841-1920)
Cannes, 1850-1900. Huile sur toile.
Cannes, collection du musée des Explorations du monde, Ville de Cannes.
Ernest Buttura, peintre de paysages et de compositions orientalistes établi à Cannes, rappelle ici la présence de prisonniers arabes sur l’île Sainte-Marguerite. De 1841 à 1884, des «insurgés» à la colonisation française de l’Afrique du Nord y sont en effet internés, dont près de trois cents Algériens capturés lors de la prise de la Smala. Tandis qu’Abd el-Kader part pour Pau, en avril 1848, une quarantaine de ses proches sont envoyés sur l’île.
Prisonniers musulmans à l’île Sainte-Marguerite.
Ernest Buttura (1841-1920) Cannes, 1850-1900. Huile sur toile. Cannes, collection du musée des Explorations du monde, Ville de Cannes. Ernest Buttura, peintre de paysages et de compositions orientalistes établi à Cannes, rappelle ici la présence de prisonniers arabes sur l’île Sainte-Marguerite. De 1841 à 1884, des «insurgés» à la colonisation française de l’Afrique du Nord y sont en effet internés, dont près de trois cents Algériens capturés lors de la prise de la Smala. Tandis qu’Abd el-Kader part pour Pau, en avril 1848, une quarantaine de ses proches sont envoyés sur l’île.
46
<center>Famille d’Abd el-Kader.</center>Henry Augustin Valentin (1822-1886)
Journal L’Illustration, Paris, 1853
Genève, Suisse, fondation Adlania, cheikh Khaled Bentounes
La captivité en France est particulièrement éprouvante pour les Algériennes. Évitant, pour des raisons culturelles et religieuses, les regards des hommes étrangers, elles demeurent la plupart du temps recluses dans leurs appartements.
Les interprètes et les médecins masculins ne peuvent les approcher, ce qui renforce leur isolement.
Très affaiblies, sept Algériennes décèdent à Amboise, ainsi que seize de leurs enfants.
Famille d’Abd el-Kader.
Henry Augustin Valentin (1822-1886) Journal L’Illustration, Paris, 1853 Genève, Suisse, fondation Adlania, cheikh Khaled Bentounes La captivité en France est particulièrement éprouvante pour les Algériennes. Évitant, pour des raisons culturelles et religieuses, les regards des hommes étrangers, elles demeurent la plupart du temps recluses dans leurs appartements. Les interprètes et les médecins masculins ne peuvent les approcher, ce qui renforce leur isolement. Très affaiblies, sept Algériennes décèdent à Amboise, ainsi que seize de leurs enfants.
47
<center>Abd el-Kader</center>Louis Berlier.
D’après Hippolyte Pauquet (1797-1871). 
Paris, 1844-1848 Lithographie.
Marseille, Mucem, don de Christian Delorme.
Abd el-Kader
Louis Berlier. D’après Hippolyte Pauquet (1797-1871). Paris, 1844-1848 Lithographie. Marseille, Mucem, don de Christian Delorme.
48
<center>Abd el-Kader</center>Adolphe Jean Baptiste Bayot (1810-1871).
Extrait de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger.
Paris, 1843 Lithographie
Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée.
Abd el-Kader
Adolphe Jean Baptiste Bayot (1810-1871). Extrait de L’Algérie historique, pittoresque et monumentale d’Adrien Berbrugger. Paris, 1843 Lithographie Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée.
49
<center>Abd el-Kader</center>Louis Fourquemin (1798-1856), d’après Antoine Maurin (1793-1860).
D'après un dessin fait au fort Lamalgue.
1848.
Lithographie.
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie.
Abd el-Kader
Louis Fourquemin (1798-1856), d’après Antoine Maurin (1793-1860). D'après un dessin fait au fort Lamalgue. 1848. Lithographie. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie.
50
<center>Abd el-Kader</center>Jean Baptiste Ange Tissier (1814-1876).
1853.
Huile sur toile.
Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Peintre officiel du Second Empire, Ange Tissier exécute le portrait en pied d’Abd el-Kader juste après la libération de l’émir par Napoléon III. Représenté devant une tenture du château de Chambord, Abd el-Kader pose noblement, drapé dans son double burnous blanc, le regard détourné, un chapelet à la main, sans se livrer tout à fait. Le peintre a pu s’inspirer du portrait photographique de Gustave Le Gray.
Abd el-Kader
Jean Baptiste Ange Tissier (1814-1876). 1853. Huile sur toile. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Peintre officiel du Second Empire, Ange Tissier exécute le portrait en pied d’Abd el-Kader juste après la libération de l’émir par Napoléon III. Représenté devant une tenture du château de Chambord, Abd el-Kader pose noblement, drapé dans son double burnous blanc, le regard détourné, un chapelet à la main, sans se livrer tout à fait. Le peintre a pu s’inspirer du portrait photographique de Gustave Le Gray.
51
<center>Coran portatif ayant appartenu à Abd el-Kader.</center>Turquie, 17e siècle. Cuir, papier.
Genève, Suisse, fondation Adlania, cheikh Khaled Bentounes.
Coran portatif ayant appartenu à Abd el-Kader.
Turquie, 17e siècle. Cuir, papier. Genève, Suisse, fondation Adlania, cheikh Khaled Bentounes.
52
<center>Un captif très prisé.</center>Dénonçant son internement illégitime, Abd el-Kader refuse d’abord les distractions et les sorties. Il se réfugie dans l’étude et l’écriture, l’enseignement aux plus jeunes et la direction des prières Quotidiennes. Il autorise néanmoins les visiteurs, soigneusement filtrés par le ministère de la Guerre mais nombreux, qui pourraient prendre parti pour sa cause. Parmi eux, des notables locaux, des militaires, des membres du gouvernement et des prélats catholiques, avec qui l’émir dialogue aisément, faisant preuve d’une ouverture d’esprit et d’une tolérance singulières. En juillet 1851, il accepte d’être photographié pour la première fois par Gustave Le Gray.
Un captif très prisé.
Dénonçant son internement illégitime, Abd el-Kader refuse d’abord les distractions et les sorties. Il se réfugie dans l’étude et l’écriture, l’enseignement aux plus jeunes et la direction des prières Quotidiennes. Il autorise néanmoins les visiteurs, soigneusement filtrés par le ministère de la Guerre mais nombreux, qui pourraient prendre parti pour sa cause. Parmi eux, des notables locaux, des militaires, des membres du gouvernement et des prélats catholiques, avec qui l’émir dialogue aisément, faisant preuve d’une ouverture d’esprit et d’une tolérance singulières. En juillet 1851, il accepte d’être photographié pour la première fois par Gustave Le Gray.
53
<center>Abd el-Kader à Amboise.</center>Gustave Le Gray (1820-1884).
Amboise, 1851.
Tirage sur papier albuminé.
Paris, Bibliothèque nationale de France» département des Estampes et de la Photographie
Ce portrait photographique est le premier d’Abd el-Kader. Gustave Le Gray, photographe pionnier, place l'émir devant le pavillon abritant son cabinet de travail et de lecture. Ce dernier apparaît debout, drapé dans son burnous dont les pans légèrement flous trahissent le temps de pose nécessaire à la réalisation de ce cliché inédit. Vraisemblablement autorisée par le capitaine Boissonnet sans en informer sa hiérarchie, cette séance de pose demeura privée et les tirages qui en résultèrent ne furent redécouverts qu'un siècle et demi plus tard.
Abd el-Kader à Amboise.
Gustave Le Gray (1820-1884). Amboise, 1851. Tirage sur papier albuminé. Paris, Bibliothèque nationale de France» département des Estampes et de la Photographie Ce portrait photographique est le premier d’Abd el-Kader. Gustave Le Gray, photographe pionnier, place l'émir devant le pavillon abritant son cabinet de travail et de lecture. Ce dernier apparaît debout, drapé dans son burnous dont les pans légèrement flous trahissent le temps de pose nécessaire à la réalisation de ce cliché inédit. Vraisemblablement autorisée par le capitaine Boissonnet sans en informer sa hiérarchie, cette séance de pose demeura privée et les tirages qui en résultèrent ne furent redécouverts qu'un siècle et demi plus tard.
54
<center>Amitiés et soutiens.</center>Face à l’isolement, l’abattement collectif et la dureté des conditions de détention que subissent les Algériens, Abdel-Kader oppose un respect et une bienveillance qui étonnent ses geôliers et ses visiteurs. Les officiers qui l’entourent, comme le colonel Eugène Daumas et le capitaine Estève Boissonnet, ne cachent pas leur admiration pour le chef algérien, qui les invite volontiers à partager ses repas. À l’extérieur aussi des amitiés se nouent et des soutiens s’esquissent. Charles Eynard, Genevois à l’initiative d’un comité «abdelkaderien», Antoine Dupuch, ancien évêque d’Alger, et Charles Vane de Londonderry, marquis anglais proche de Louis Napoléon Bonaparte, œuvrent notamment à la libération de l’émir.
Amitiés et soutiens.
Face à l’isolement, l’abattement collectif et la dureté des conditions de détention que subissent les Algériens, Abdel-Kader oppose un respect et une bienveillance qui étonnent ses geôliers et ses visiteurs. Les officiers qui l’entourent, comme le colonel Eugène Daumas et le capitaine Estève Boissonnet, ne cachent pas leur admiration pour le chef algérien, qui les invite volontiers à partager ses repas. À l’extérieur aussi des amitiés se nouent et des soutiens s’esquissent. Charles Eynard, Genevois à l’initiative d’un comité «abdelkaderien», Antoine Dupuch, ancien évêque d’Alger, et Charles Vane de Londonderry, marquis anglais proche de Louis Napoléon Bonaparte, œuvrent notamment à la libération de l’émir.
55
<center>Mgr. Dupuch, évêque d'Alger.</center>Léon Mousquet (1805-1874).
Bordeaux, vers 1840 Lithographie.
Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée.
En septembre 1848, monseigneur Dupuch, ancien évêque d’Alger, passe trois jours à Pau.
Il rencontre ainsi pour la première fois celui avec lequel il a négocié la libération de prisonniers français dix ans auparavant. Par des visites quotidiennes, les deux hommes établissent de très bons rapports.
Mgr. Dupuch, évêque d'Alger.
Léon Mousquet (1805-1874). Bordeaux, vers 1840 Lithographie. Marseille, Mucem, dépôt de Montpellier Méditerranée. En septembre 1848, monseigneur Dupuch, ancien évêque d’Alger, passe trois jours à Pau. Il rencontre ainsi pour la première fois celui avec lequel il a négocié la libération de prisonniers français dix ans auparavant. Par des visites quotidiennes, les deux hommes établissent de très bons rapports.
56
<center>La libération. </center>Le 16 octobre 1852, l’émir et ses proches attendent fébrilement l’arrivée du cortège de Louis Napoléon Bonaparte, en tournée dans le centre de la France. Accompagné de quelques ministres, le prince-président confirme les rumeurs parvenues jusqu’au château d’Amboise: «Abd el-Kader, je viens vous annoncer votre mise en liberté.» L’émir sollicite alors l’autorisation de se rendre à Paris pour remercier publiquement son libérateur. C’est au palais de Saint-Cloud, le 30 octobre, qu’il remet à Louis Napoléon son serment solennel
La libération.
Le 16 octobre 1852, l’émir et ses proches attendent fébrilement l’arrivée du cortège de Louis Napoléon Bonaparte, en tournée dans le centre de la France. Accompagné de quelques ministres, le prince-président confirme les rumeurs parvenues jusqu’au château d’Amboise: «Abd el-Kader, je viens vous annoncer votre mise en liberté.» L’émir sollicite alors l’autorisation de se rendre à Paris pour remercier publiquement son libérateur. C’est au palais de Saint-Cloud, le 30 octobre, qu’il remet à Louis Napoléon son serment solennel
57
<center>Les Chefs arabes présentés au prince-président.</center>François Théophile Étienne Gide (1822-1890).
Vers 1852 Huile sur toile.
Ajaccio, palais Fesch - musée des Beaux-Arts, dépôt du Centre national des arts plastiques.
Présenté au Salon des artistes français en 1853, le tableau d’Étienne Gide montre l’émir dans une posture de reconnaissance et de soumission, incliné face au prince-président et lui baisant la main. Figés dans cet instant solennel, les compagnons de l’émir, dont les fidèles Kara Muhammad et Kaddour Ben ‘Allal, font face à l’ensemble du cabinet ministériel du prince-président. L’académisme de la composition, le manque d’expressivité des protagonistes et la touche précise concourent ici à la création d’une image de propagande au service de celui qui allait bientôt devenir Napoléon III.
Les Chefs arabes présentés au prince-président.
François Théophile Étienne Gide (1822-1890). Vers 1852 Huile sur toile. Ajaccio, palais Fesch - musée des Beaux-Arts, dépôt du Centre national des arts plastiques. Présenté au Salon des artistes français en 1853, le tableau d’Étienne Gide montre l’émir dans une posture de reconnaissance et de soumission, incliné face au prince-président et lui baisant la main. Figés dans cet instant solennel, les compagnons de l’émir, dont les fidèles Kara Muhammad et Kaddour Ben ‘Allal, font face à l’ensemble du cabinet ministériel du prince-président. L’académisme de la composition, le manque d’expressivité des protagonistes et la touche précise concourent ici à la création d’une image de propagande au service de celui qui allait bientôt devenir Napoléon III.
58
<center>Pèlerins allant à La Mecque.</center>Léon Bolly (1827-1877)
1861.
Huile sur toile.
Paris, musée d’Orsay, acquis an 1861.
Animé de «Tunique préoccupation de faire bien pour le plaisir d’être vrai», Léon Belly, peintre voyageur, restitue cette impressionnante caravane de pèlerins en route pour La Mecque, avec un réalisme stupéfiant, qui supplante l'exotisme. Par-delà les différences sociales, il exprime le sentiment d'unité et de solidarité du cortège. Présenté au Salon de 1861, le tableau est reçu comme un chef-d’œuvre.
Pèlerins allant à La Mecque.
Léon Bolly (1827-1877) 1861. Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay, acquis an 1861. Animé de «Tunique préoccupation de faire bien pour le plaisir d’être vrai», Léon Belly, peintre voyageur, restitue cette impressionnante caravane de pèlerins en route pour La Mecque, avec un réalisme stupéfiant, qui supplante l'exotisme. Par-delà les différences sociales, il exprime le sentiment d'unité et de solidarité du cortège. Présenté au Salon de 1861, le tableau est reçu comme un chef-d’œuvre.
59
<center>Livre manuscrit</center>Livre pris le 13 mars 1846 par le général Joseph Vantini dit Yusuf, dans la tente de l’émir Abd el-Kader
Maghreb, 1800-1825 Papier, cuir.
Paris, musée de l’Armée.
La 13 mars 1846, après deux heures de combat, l’émir doit fuir face aux troupes du général Yusuf, abandonnant tous ses biens aux Français, dont ce livra de prières. Chef militaire mais aussi spiritual de son armée, Abd el-Kader dirige an effet la prière quotidienne de ses hommes, qui constitue l’un des cinq piliers de l’islam.
Livre manuscrit
Livre pris le 13 mars 1846 par le général Joseph Vantini dit Yusuf, dans la tente de l’émir Abd el-Kader Maghreb, 1800-1825 Papier, cuir. Paris, musée de l’Armée. La 13 mars 1846, après deux heures de combat, l’émir doit fuir face aux troupes du général Yusuf, abandonnant tous ses biens aux Français, dont ce livra de prières. Chef militaire mais aussi spiritual de son armée, Abd el-Kader dirige an effet la prière quotidienne de ses hommes, qui constitue l’un des cinq piliers de l’islam.
60
<center>Un spirituel la modernité.</center>Lorsqu’il s’installe avec les siens à Bursa (Brousse), dans l’actuelle Turquie, le 17 janvier 1853, Abd el-Kader retrouve enfin les terres d’Islam, Dar al-Islam, mais demeure sous surveillance française.
Le tremblement de terre qui frappe la ville en 1855 entraîne son départ pour Damas, en Syrie. Il y devient un notable respecté, à la tête d’une large communauté d’émigrés algériens, et consacre ses journées à l’étude et à la pratique religieuse. En juillet 1860, Abd el-Kader acquiert une toute autre dimension en secourant plusieurs milliers de chrétiens visés par de violentes émeutes. Auréolé d’une reconnaissance mondiale, il peut à nouveau voyager librement en Orient. Enchaînant les pèlerinages et les retraites spirituelles, l’émir reste en prise avec les grands enjeux de son temps : il visite les Expositions universelles de 1855 et de 1867 et soutient sans réserve le grand chantier d’avant-garde à l’œuvre en Méditerranée, le canal de Suez. Convaincu que l’union de l’Orient et de l’Occident est nécessaire au progrès de l’humanité, il s’affirme comme un spirituel ouvert à la modernité.
Un spirituel la modernité.
Lorsqu’il s’installe avec les siens à Bursa (Brousse), dans l’actuelle Turquie, le 17 janvier 1853, Abd el-Kader retrouve enfin les terres d’Islam, Dar al-Islam, mais demeure sous surveillance française. Le tremblement de terre qui frappe la ville en 1855 entraîne son départ pour Damas, en Syrie. Il y devient un notable respecté, à la tête d’une large communauté d’émigrés algériens, et consacre ses journées à l’étude et à la pratique religieuse. En juillet 1860, Abd el-Kader acquiert une toute autre dimension en secourant plusieurs milliers de chrétiens visés par de violentes émeutes. Auréolé d’une reconnaissance mondiale, il peut à nouveau voyager librement en Orient. Enchaînant les pèlerinages et les retraites spirituelles, l’émir reste en prise avec les grands enjeux de son temps : il visite les Expositions universelles de 1855 et de 1867 et soutient sans réserve le grand chantier d’avant-garde à l’œuvre en Méditerranée, le canal de Suez. Convaincu que l’union de l’Orient et de l’Occident est nécessaire au progrès de l’humanité, il s’affirme comme un spirituel ouvert à la modernité.
61
<center>Le sauveur des chrétiens.</center>Le 9 juillet 1860, des émeutes antichrétiennes d’une violence inédite débutent à Damas. Ces pogroms font suite à plusieurs mois de vives tensions intercommunautaires en territoires libanais et syrien. Abd el-Kader a tenté d’avertir les gouverneurs du risque d’embrasement, sans succès. Lorsque les émeutiers prennent pour cible les quartiers chrétiens et les légations étrangères, l’émir entre en action : il arme ses hommes, organise des patrouilles et accueille les rescapés chez lui. La situation s’apaise progressivement à compter du 18 juillet. L’émir devient alors le «héros de ces sinistres journées» et reçoit des hommages et des décorations du monde entier.
Le sauveur des chrétiens.
Le 9 juillet 1860, des émeutes antichrétiennes d’une violence inédite débutent à Damas. Ces pogroms font suite à plusieurs mois de vives tensions intercommunautaires en territoires libanais et syrien. Abd el-Kader a tenté d’avertir les gouverneurs du risque d’embrasement, sans succès. Lorsque les émeutiers prennent pour cible les quartiers chrétiens et les légations étrangères, l’émir entre en action : il arme ses hommes, organise des patrouilles et accueille les rescapés chez lui. La situation s’apaise progressivement à compter du 18 juillet. L’émir devient alors le «héros de ces sinistres journées» et reçoit des hommages et des décorations du monde entier.
62
<center>Portrait d’Abd el-Kader.</center>Francis Bedford (1815-1894).
Damas.
Londres, Grande-Bretagne, 1862-1863 Tirage d’exposition.
Francis Bedfor se joint à la délégation anglaise venue remettre à l'émir ses insignes honorifiques en 1862. Abd el-Kader, revêtu de l’abaya des notables d’Arabie et d’un keffieh mecquois roulé en turban, ne manque pas d’étonner ses visiteurs, qui ^attendaient é le voir habillé de son célèbre burnous blanc.
Portrait d’Abd el-Kader.
Francis Bedford (1815-1894). Damas. Londres, Grande-Bretagne, 1862-1863 Tirage d’exposition. Francis Bedfor se joint à la délégation anglaise venue remettre à l'émir ses insignes honorifiques en 1862. Abd el-Kader, revêtu de l’abaya des notables d’Arabie et d’un keffieh mecquois roulé en turban, ne manque pas d’étonner ses visiteurs, qui ^attendaient é le voir habillé de son célèbre burnous blanc.
63
<center>Abdelkader méditant.</center>Hocine Ziani (1953).
2022.
Huile sur toile.
Strasbourg, collection de l’artsite.
Né pendant la guerre d’indépendance, Hocine Ziani a largement contribué au programme ornemental des institutions algériennes lancé dans les années 1980. Maîtrisant le style académique, il figure le serment d’allégeance des tribus à l’émir, ou ses grandes victoires, non peintes par les Français. Admirateur d’Abd el-Kader, il sait également donner de lui une image spirituelle, inspirée par la symbolique soufie.
Abdelkader méditant.
Hocine Ziani (1953). 2022. Huile sur toile. Strasbourg, collection de l’artsite. Né pendant la guerre d’indépendance, Hocine Ziani a largement contribué au programme ornemental des institutions algériennes lancé dans les années 1980. Maîtrisant le style académique, il figure le serment d’allégeance des tribus à l’émir, ou ses grandes victoires, non peintes par les Français. Admirateur d’Abd el-Kader, il sait également donner de lui une image spirituelle, inspirée par la symbolique soufie.
64
<center>Caftan de l’émir Abd el-Kader</center>donné à la France par ses descendants.
1825-1850.
Coton.
Paris, musée de l'Armée.
Ce caftan a été offert au musée historique de l’Armée en 1897 par l’émir El Hachemi, l’un des fils d’Abd el-Kader. Le don est intervenu alors que son propre fils, Khaled Ben Hachemi, venait d’intégrer le 1er régiment de spahis basé à Médéa après avoir achevé sa formation à Saint-Cyr. Il revêtait une portée symbolique pour les descendants de l’émir qui souhaitaient que la mémoire de leur aïeul soit honorée au cœur de l’hôtel des Invalides.
Caftan de l’émir Abd el-Kader
donné à la France par ses descendants. 1825-1850. Coton. Paris, musée de l'Armée. Ce caftan a été offert au musée historique de l’Armée en 1897 par l’émir El Hachemi, l’un des fils d’Abd el-Kader. Le don est intervenu alors que son propre fils, Khaled Ben Hachemi, venait d’intégrer le 1er régiment de spahis basé à Médéa après avoir achevé sa formation à Saint-Cyr. Il revêtait une portée symbolique pour les descendants de l’émir qui souhaitaient que la mémoire de leur aïeul soit honorée au cœur de l’hôtel des Invalides.
65
<center>Nef offerte par l’impératrice Eugénie à Ferdinand de Lesseps</center>Auguste Fannière (1818-1900) et Joseph Fannière (1822-1897)
Nef offerte par l’impératrice Eugénie à Ferdinand de Lesseps à l’occasion de l'inauguration du canal de Suez
Paris, 1869. Argent fondu et ciselé.
Paris, musée des Art» décoratifs.
Nef offerte par l’impératrice Eugénie à Ferdinand de Lesseps
Auguste Fannière (1818-1900) et Joseph Fannière (1822-1897) Nef offerte par l’impératrice Eugénie à Ferdinand de Lesseps à l’occasion de l'inauguration du canal de Suez Paris, 1869. Argent fondu et ciselé. Paris, musée des Art» décoratifs.
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<center>Nef offerte par l’impératrice Eugénie à Ferdinand de Lesseps</center>
Nef offerte par l’impératrice Eugénie à Ferdinand de Lesseps
67
<center>Portrait d’Aïcha, femme d’Abd el-Kader.</center>Constant Joseph Brochart.
(1816-1899)
Pastel sur papier
Roubaix, La piscine – musée d’art et d’industrie André-Diligent
Contrairement à ce que son titre indique, ce tableau ne peut représenter une épouse d’Abd el-Kader. Outre le fait qu’une musulmane de haut rang n’aurait jamais posé pour l’artiste, la seule épouse de l’émir dénommée Aïcha aurait été une femme âgée à l’époque. Il semble que le peintre ait choisi cette dénomination afin d’augmenter l’intérêt suscité par son œuvre... qui enchanta effectivement
Portrait d’Aïcha, femme d’Abd el-Kader.
Constant Joseph Brochart. (1816-1899) Pastel sur papier Roubaix, La piscine – musée d’art et d’industrie André-Diligent Contrairement à ce que son titre indique, ce tableau ne peut représenter une épouse d’Abd el-Kader. Outre le fait qu’une musulmane de haut rang n’aurait jamais posé pour l’artiste, la seule épouse de l’émir dénommée Aïcha aurait été une femme âgée à l’époque. Il semble que le peintre ait choisi cette dénomination afin d’augmenter l’intérêt suscité par son œuvre... qui enchanta effectivement
68
<center>Un homme de son temps.</center>Après son départ en Orient, Abd el-Kader garde des attaches en France et s’y rend à trois reprises. En 1855 puis en 1867, il visite l’Exposition universelle, ce « temple de la raison et de l’intelligence anime par le souffle de Dieu », et y admire la modernité occidentale à l’œuvre. Lors de son séjour parisien de 1865, il enchaîne les séances de pose avec les photographes les plus en vue, dont Eugène Disderi, Etienne Carjat et Jean-Louis Delton. Les portraits de l’émir médaillé, en burnous algérien, rappellent ses origines et assoient la reconnaissance internationale dont il bénéficie. Soigneusement maîtrisés par leur commanditaire, ils rencontreront un fort succès.
Un homme de son temps.
Après son départ en Orient, Abd el-Kader garde des attaches en France et s’y rend à trois reprises. En 1855 puis en 1867, il visite l’Exposition universelle, ce « temple de la raison et de l’intelligence anime par le souffle de Dieu », et y admire la modernité occidentale à l’œuvre. Lors de son séjour parisien de 1865, il enchaîne les séances de pose avec les photographes les plus en vue, dont Eugène Disderi, Etienne Carjat et Jean-Louis Delton. Les portraits de l’émir médaillé, en burnous algérien, rappellent ses origines et assoient la reconnaissance internationale dont il bénéficie. Soigneusement maîtrisés par leur commanditaire, ils rencontreront un fort succès.
69
<center>Inauguration du canal de Suez.</center>Édouard Riou (1833-1900).
Inauguration du canal de Suez en présence de l’Impératrice Eugénie à Port-Saïd, 17 novembre 1869.
1896.
Huile sur toile (reproduction).
Paris, don de l'association du Souvenir Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez à la Fondation de France.
Illustrateur reconnu d’œuvres de Jules Verne, ami de Ferdinand de Lesseps, Édouard Riou exécute en 1896 une toile en plusieurs formats pour célébrer l’événement international que fut le percement du canal de Suez. Sur un fond bleu unissant terre et ciel, on distingue l’incroyable rassemblement de bateaux et de personnes, et les tribunes d’honneur qui accueillirent, entre autres, Abd el-Kader.
Inauguration du canal de Suez.
Édouard Riou (1833-1900). Inauguration du canal de Suez en présence de l’Impératrice Eugénie à Port-Saïd, 17 novembre 1869. 1896. Huile sur toile (reproduction). Paris, don de l'association du Souvenir Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez à la Fondation de France. Illustrateur reconnu d’œuvres de Jules Verne, ami de Ferdinand de Lesseps, Édouard Riou exécute en 1896 une toile en plusieurs formats pour célébrer l’événement international que fut le percement du canal de Suez. Sur un fond bleu unissant terre et ciel, on distingue l’incroyable rassemblement de bateaux et de personnes, et les tribunes d’honneur qui accueillirent, entre autres, Abd el-Kader.
70
<center>Entre Orient et Occident.</center>Dès 1848, Abd el-Kader entre en relation avec Ferdinand de Lesseps, ingénieur et promoteur du canal de Suez. Il soutient d’emblée cette œuvre de progrès, trait d’union entre Orient et Occident, convaincu qu’elle sert la modernisation et la renaissance du monde arabe. L’émir fait partie des représentants religieux invités à l’inauguration du canal, le 17 novembre 1869.
Cinq ans plus tôt, Abd el-Kader a été contacté par les francs-maçons du Grand Orient de France, admiratifs de la fraternité et de l’humanisme dont il a fait preuve lors des émeutes damascènes. Initié à Alexandrie, il entretiendra des relations décousues avec la franc-maçonnerie, mais témoigne là encore de sa foi en un dialogue possible, et essentiel, avec l’Occident.
Entre Orient et Occident.
Dès 1848, Abd el-Kader entre en relation avec Ferdinand de Lesseps, ingénieur et promoteur du canal de Suez. Il soutient d’emblée cette œuvre de progrès, trait d’union entre Orient et Occident, convaincu qu’elle sert la modernisation et la renaissance du monde arabe. L’émir fait partie des représentants religieux invités à l’inauguration du canal, le 17 novembre 1869. Cinq ans plus tôt, Abd el-Kader a été contacté par les francs-maçons du Grand Orient de France, admiratifs de la fraternité et de l’humanisme dont il a fait preuve lors des émeutes damascènes. Initié à Alexandrie, il entretiendra des relations décousues avec la franc-maçonnerie, mais témoigne là encore de sa foi en un dialogue possible, et essentiel, avec l’Occident.
71
<center>Abd el-Kader, d’hier à aujourd’hui.</center>Après la mort d’Abd el-Kader en Syrie dans la nuit du 25 au 26 mai 1883, la diversité des rôles qu’il a assumés engendre de multiples appropriations. Il figure longtemps dans les manuels scolaires français comme l’adversaire dont la bravoure mais aussi la défaite illustrent la supériorité de la civilisation européenne. La personnalité de l’émir resurgit après-guerre dans les plaidoyers en faveur de l’émancipation des Algériens musulmans. Durant la guerre d’indépendance, le parti communiste algérien le donne en exemple pour inciter les campagnes à la lutte. Enfin, en 1966, le gouvernement algérien obtient le rapatriement à Alger de son corps, jusqu’alors inhume à Damas. Il devient le premier héros de l’histoire nationale, fondateur de l’État algérien, dont la statue équestre remplace celle du maréchal Bugeaud, ancien gouverneur général d’Algérie. Curieux de la nature humaine, grand savant musulman et soufi, il demeure apprécié pour ses écrits mystiques et l’ouverture d’esprit qu’il manifesta en son temps et qui l’honore encore aujourd’hui.
Abd el-Kader, d’hier à aujourd’hui.
Après la mort d’Abd el-Kader en Syrie dans la nuit du 25 au 26 mai 1883, la diversité des rôles qu’il a assumés engendre de multiples appropriations. Il figure longtemps dans les manuels scolaires français comme l’adversaire dont la bravoure mais aussi la défaite illustrent la supériorité de la civilisation européenne. La personnalité de l’émir resurgit après-guerre dans les plaidoyers en faveur de l’émancipation des Algériens musulmans. Durant la guerre d’indépendance, le parti communiste algérien le donne en exemple pour inciter les campagnes à la lutte. Enfin, en 1966, le gouvernement algérien obtient le rapatriement à Alger de son corps, jusqu’alors inhume à Damas. Il devient le premier héros de l’histoire nationale, fondateur de l’État algérien, dont la statue équestre remplace celle du maréchal Bugeaud, ancien gouverneur général d’Algérie. Curieux de la nature humaine, grand savant musulman et soufi, il demeure apprécié pour ses écrits mystiques et l’ouverture d’esprit qu’il manifesta en son temps et qui l’honore encore aujourd’hui.
72
<center>1808-1847.</center>1808
Naissance d’Abd el-Kader à El Guettana, dans la province d’Oran.
1826-1828
Pèlerinage à La Mecque et à Bagdad.
1830
Prise d’Alger par la France, où Louis-Philippe monte sur le trône, après la révolution de Juillet.
1832
Abd el-Kader fédère les tribus de l’ouest et devient le chef de la résistance à la conquête française.
1837
Signature du traité de la Tafna, avec le général Bugeaud.
1843
Prise de la Smala à Taguine.
1847
1808-1847.
1808 Naissance d’Abd el-Kader à El Guettana, dans la province d’Oran. 1826-1828 Pèlerinage à La Mecque et à Bagdad. 1830 Prise d’Alger par la France, où Louis-Philippe monte sur le trône, après la révolution de Juillet. 1832 Abd el-Kader fédère les tribus de l’ouest et devient le chef de la résistance à la conquête française. 1837 Signature du traité de la Tafna, avec le général Bugeaud. 1843 Prise de la Smala à Taguine. 1847
73
<center>1847-1852.</center>29.12.1847
Arrivée d’Abd el-Kader à Toulon.
24. 02.1848
La Deuxième République est proclamée et Louis-Philippe s’exile.
28. 04.1848
Abd el-Kader et ses proches arrivent au château de Pau et sont accueillis par le capitaine Estève Boissonnet.
2-8.11.1848
Transfert des prisonniers au château d’Amboise.
Printemps 1849
Création d’un comité de soutien à Abd el-Kader et publication d’un plaidoyer en sa faveur par monseigneur Dupuch, ancien évêque d’Alger.
16. 10. 1852
Louis Napoléon Bonaparte rend visite à Abd el-Kader et lui annonce sa libération.
02.12.1852
Louis Napoléon devient Napoléon III, empereur des Français.
21.12.1852
Abd el-Kader et son entourage traversent la France et embarquent à Marseille vers Istanbul.
1847-1852.
29.12.1847 Arrivée d’Abd el-Kader à Toulon. 24. 02.1848 La Deuxième République est proclamée et Louis-Philippe s’exile. 28. 04.1848 Abd el-Kader et ses proches arrivent au château de Pau et sont accueillis par le capitaine Estève Boissonnet. 2-8.11.1848 Transfert des prisonniers au château d’Amboise. Printemps 1849 Création d’un comité de soutien à Abd el-Kader et publication d’un plaidoyer en sa faveur par monseigneur Dupuch, ancien évêque d’Alger. 16. 10. 1852 Louis Napoléon Bonaparte rend visite à Abd el-Kader et lui annonce sa libération. 02.12.1852 Louis Napoléon devient Napoléon III, empereur des Français. 21.12.1852 Abd el-Kader et son entourage traversent la France et embarquent à Marseille vers Istanbul.
74
<center>1853-1883.</center>1853
Installation à Bursa (Brousse), dans l’actuelle Turquie.
1855
Visite de l’Exposition universelle à Paris et établissement à Damas.
1860
L’émir protège plusieurs milliers de chrétiens menacés par de violentes émeutes à Damas.
1863-1864
Longue retraite spirituelle dans le Hedjaz, région de La Mecque.
1865 et 1867
Voyages en Europe et dernier séjour à Paris.
1869
Abd el-Kader assiste à l’inauguration du canal de Suez.
1883 Décès et inhumation à Damas, auprès du tombeau du maître soufi Ibn Arabî.
1853-1883.
1853 Installation à Bursa (Brousse), dans l’actuelle Turquie. 1855 Visite de l’Exposition universelle à Paris et établissement à Damas. 1860 L’émir protège plusieurs milliers de chrétiens menacés par de violentes émeutes à Damas. 1863-1864 Longue retraite spirituelle dans le Hedjaz, région de La Mecque. 1865 et 1867 Voyages en Europe et dernier séjour à Paris. 1869 Abd el-Kader assiste à l’inauguration du canal de Suez. 1883 Décès et inhumation à Damas, auprès du tombeau du maître soufi Ibn Arabî.
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